Le nouveau Centre des arts et du patrimoine du domaine de Roueïre fait dialoguer art contemporain et héritage local.

Quarante (Hérault). Repérer le château de Roueïre et ses dépendances viticoles (voir ill.) depuis la route reliant Quarante à Cressant n’est pas chose aisée, et pour cause : le domaine, situé à deux pas du canal du Midi, est entièrement cerclé par les vignes et les pins d’Alep. Seul le trahit le galbe de fonte d’une éolienne Bollée culminant à 23 mètres : ce chef-d’œuvre du patrimoine industriel, inscrit au titre des Monuments historiques en 1987, est l’un des vestiges de l’ancienne activité vinicole de Roueïre. Un patrimoine local que le nouveau Centre d’arts et du patrimoine, implanté dans les anciennes caves, entend valoriser et inscrire dans un dialogue étroit avec la création plastique contemporaine.
Ce dialogue, qui constitue l’axe principal du projet artistique et culturel de la directrice du centre d’art, Marjory Clément, n’a pas démarré ex nihilo : outre un Musée de la vigne et du vin et un restaurant gastronomique, Roueïre a accueilli plusieurs expositions d’art contemporain entre 1980 et 2010. Une orientation qui n’a cessé de s’accentuer suite au rachat du bâtiment par le Conseil départemental de l’Hérault en 2009, qui l’a mis à disposition de la Communauté de communes Sud Hérault quatre ans plus tard : implantation du service éducatif Sud Hérault en 2016, rénovation du cadre bâti en 2023-2024 et, enfin, inauguration du Centre d’arts et du patrimoine en juin 2025. Le chantier, d’une durée de seize mois et dont la facture s’élève à 1,8 million d’euros, a permis d’inscrire le cadre architectural au cœur d’un parcours de visite repensé : un escalier en colimaçon d’époque est désormais visible depuis la grande salle d’exposition, tandis que le plafond d’une tour-pigeonnier peut être observé depuis l’escalier reliant les deux étages. Les foudres en bois de chêne et les cuves en béton du chai de Roueïre marquent quant à eux la dernière étape de la visite.

Loin de se contenter d’inscrire l’art contemporain dans un écrin patrimonial, le nouveau centre d’art propose chaque année deux expositions parallèles de dix mois – une rétrospective d’un artiste contemporain et une exposition dédiée au patrimoine local – au sein d’espaces muséographiques augmentés (560 m2 au total, contre 100 auparavant). Et ce dialogue entre patrimoine et art contemporain se poursuit hors les murs, le domaine ayant à cœur de valoriser l’ensemble du patrimoine de la Communauté de communes. Depuis 2021, la voie verte Sud-Hérault – ancienne voie ferrée d’une dizaine de kilomètres – se pare chaque année de nouvelles installations, lesquelles rejoignent ipso facto la petite collection d’œuvres conservées par Roueïre. Camin’Arts accueille trois nouvelles productions en 2025, signées Elisa Fantozzi, Paul Loubet et Valérie du Chéné – que les visiteurs pourront par ailleurs retrouver dans l’exposition inaugurale « Bonjour ! », moyennant 5 euros (3,50 en tarif réduit).
Mais le centre d’art souffre pour l’heure de problématiques d’accessibilité : son amplitude horaire est assez faible – il n’est ouvert aux visiteurs individuels que le mercredi et le samedi –, et le domaine n’est accessible qu’aux automobilistes et cyclistes, les arrêts de bus les plus proches étant situés à plus de 2 km. Un système de navette pourrait être envisagé pour favoriser l’accès du site au plus grand nombre.
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Roueïre : l’art contemporain au cœur du patrimoine
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°660 du 5 septembre 2025, avec le titre suivant : Roueïre : l’art contemporain au cœur du patrimoine








