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Quand la peinture prend la mer

Par Anne-Cécile Sanchez · L'ŒIL

Le 2 septembre 2025 - 364 mots

Le trimaran Gitana 18 s’élancera sur les flots à l’automne prochain, hissant ses voiles décorées par le duo d’artistes nantais Florian et Michael Quistrebert.

Il y a huit ans, le Gitana 17, un trimaran extraordinaire capable de voler sur les flots, prenait la mer, sa coque et ses voiles arborant des silhouettes guerrières stylisées tracées en blanc sur fond noir par l’artiste américain Cleon Peterson (né en 1973). Un véritable rêve de corsaire ! À l’origine de ce projet, la rencontre entre le Palais de Tokyo et une maison d’investissement spécialisée dans la banque privée et la gestion d’actifs, Edmond de Rothschild, dont l’actionnariat familial gère aussi des activités philanthropiques comme l’écurie de course au large, Gitana.

Ariane et Benjamin de Rothschild sont des amateurs d’art, des collectionneurs, et c’est sans doute parce que Jean de Loisy, à l’époque président du Palais de Tokyo, est passionné de voile que le courant passe. Ainsi naît le projet fou d’habiller l’un des bateaux océaniques le plus rapides du monde d’une œuvre originale. Ce sera donc Cleon Peterson.

L’aventure se poursuit. Le Gitana 18 s’annonce comme une merveille technologique encore plus performante. Cette fois-ci, ce sont les frères Florian et Michael Quistrebert (nés respectivement en 1982 et 1976), duo de peintres connus pour leur relecture des grands mouvements modernistes du XXe siècle, comme l’op art, qui ont été retenus par Ariane de Rothschild pour « leur rapport cinétique à la matière ». Leur œuvre monumentale – elle couvre près de 2 000 m2 de surface du nouveau maximulticoque volant – adaptée par le directeur artistique spécialisé dans le stylisme nautique Jean-Baptiste Epron, a nécessité près de deux ans de réalisation : c’est un peu leur chapelle Sixtine.

Ce dessin pointilliste, qui représente cinq figures féminines de profil, s’inscrit dans la lignée de leur récente série de « portraits aéro-cubistes […] à la frontière entre figuration et composition abstraite », et s’inspire, expliquent-ils, « des visages d’Ariane de Rothschild et de ses quatre filles, Noémie, Alice, Ève et Olivia, dans une composition dynamique soutenue par cinq flèches, symboles issus de l’héraldique de la famille ». L’esthétique Art déco de cette identité graphique vient, en outre, en accentuer l’allure « conquérante, olympienne, voire amazone ». Mise à l’eau à l’automne prochain. Bon vent !

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°788 du 1 septembre 2025, avec le titre suivant : Quand la peinture prend la mer

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