Architecture studio / PÉriphériques / Badia Berger

Nouvelles du Front III

Par Gilles de Bure · Le Journal des Arts

Le 30 juillet 2007 - 559 mots

À chaque printemps, on les voit fleurir comme cerisiers au soleil : équipements administratifs, culturels ou scolaires dont les portes s’ouvrent sur des architectures plus ou moins subtiles, plus ou moins efficaces, plus ou moins affirmées, mais toutes éloignées des grands gestes héroïques qui mobilisent les médias. Aux quatre coins de l’Hexagone donc, ils fleurissent.
À Angers (Maine-et-Loire) tout d’abord, avec « Le Quai », considérable équipement culturel (16 000 m2 de surface au sol) qui réunit cinq espaces scéniques consacrés au théâtre et à la danse, le Théâtre 900 et le Théâtre 400 (respectivement 975 et 400 places assises), deux grandes salles de répétition (pouvant accueillir 99 personnes) et le Forum, vaste espace libre, à mi-chemin entre rue couverte et théâtre ouvert. À cet ensemble, situé en bordure de la Maine, face au plus qu’impressionnant château du Roi René, l’équipe d’Architecture Studio a donné deux portes monumentales à l’image de celles d’une écluse. Double métaphore, celle de l’eau et celle du passage… Le verre, l’acier et le béton composent une enveloppe extérieure géométriquement simple, tandis qu’à l’intérieur une gamme de couleurs vives, mais aussi les percements, balcons et passerelles qui ponctuent le Forum, créent l’animation. Et tout là-haut, la terrasse et le restaurant panoramiques laissent filer le regard sur la Maine et la ville.

Travail d’orfèvre
À Nancy (Meurthe-et-Moselle) ensuite, avec « L’Autre Canal », centre régional des musiques actuelles dont le pôle logistique, comme on peut s’en douter, est d’une extrême sophistication, notamment en ce qui concerne les studios et la régie. Qu’on imagine, de l’extérieur, une masse compacte et puissante de béton gris portant encore les marques des planches dans lequel il a été coulé. Masse animée par des engravures contenant des lampes verticales encastrées mouvantes et scintillantes de jour comme de nuit, telles des notes sur une portée. Ainsi, d’emblée, le rythme est donné, la métaphore musicale accomplie.
Deux salles (300 et 1 200 places) de facture relativement classique accueillent les publics. Mais un troisième espace est lui aussi dévolu aux concerts : le grand hall d’accueil au plafond très haut et incliné, dominé par la cabine de DJ, qui déjà compose le cœur vivant de l’ensemble édifié par les architectes du groupe Périphériques.
À Paris enfin, où le tandem Marie-Hélène Badia et Didier Berger vient tout juste de livrer, quai de Valmy (10e arr.), face aux tentes précaires qui ponctuent la rive du canal Saint-Martin, l’extension du collège Louise-Michel. Travail d’orfèvre puisqu’il s’agissait de « répondre » à l’existant, le bâtiment initial du collège, une de ces merveilles en briques des années 1930, situé juste derrière, sur la rue Jean-Poulmarch, et de faufiler la nouvelle façade sur un ensemble hétérogène, médiocre et chaotique.
L’air de ne pas y toucher, Badia et Berger composent là une façade d’une rigueur, subtilité et élégance rares. Rappel de la brique, traitée dans un appareillage très contemporain en encadrement, et grandes baies vitrées soulignées par des menuiseries métalliques d’une grande légèreté grâce auxquelles la lumière inonde les nouveaux espaces du collège. Vastes espaces d’ailleurs, d’une extrême simplicité et animés de ponctuations colorées toujours très maîtrisées. Il convenait également de lier les deux entités. À un équipement lourd qui aurait enjambé la rue Jean-Poulmarch, les architectes ont préféré un passage souterrain spacieux, clair et lumineux, et qui sert de salle de sports.
Quant à la cour de récréation, elle est située sur le toit-terrasse d’où les élèves peuvent apercevoir, au loin, les frondaisons du parc des Buttes-Chaumont.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°259 du 11 mai 2007, avec le titre suivant : Nouvelles du Front III

Tous les articles dans Création

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque