Marc Quinn prend l’eau

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 18 septembre 2012 - 323 mots

MONACO - C’est le propre de l’exercice : la confrontation entre l’art contemporain et un domaine qui lui est étranger est en général soit formidablement réussie, soit très décevante.

L’accrochage des travaux de Marc Quinn au Musée océanographique de Monaco relève de cette dernière appréciation.

L’idée de convier l’artiste britannique dans ces salles dédiées à la vie des océans n’était pourtant pas saugrenue, lui dont l’œuvre est portée par des considérations relatives aux cycles de la vie et de la mort. Le musée lui-même, surplombant la Méditerranée, apparaît comme l’endroit idéal pour développer un projet portant sur la « zone littorale », à entendre chez Quinn comme lieu de rencontre propice aux processus de formation de l’individu et de l’espèce. Une zone tampon où se produisent les basculements induisant les directions prises par l’évolution, comme en atteste ce beau tableau qui donne son titre à l’exposition (The Littoral Zone, 2009) et figure son fils rencontrant un iguane.
Mais une fois retombé le souffle de la remarquable installation Evolution (2005), soit dix blocs de marbre rose chair, l’un brut et neuf autres évoquant les étapes de développement de l’embryon jusqu’au fœtus, l’atmosphère s’assombrit, même si le parcours passe logiquement de considérations sur la naissance à la vieillesse et à la mort à l’accès à la plénitude.

Manifestement l’artiste a conçu son projet comme il l’entendait. L’une des conséquences est que les œuvres se trouvent en trop grand nombre ; elles occupent chaque recoin disponible et se parasitent entre elles tout en rendant muettes les pièces de la collection du musée, ce qui est pour le moins gênant lorsqu’on prétend engager un dialogue. Surtout Marc Quinn, artiste inégal qui souvent se laisse aller à des travaux par trop expressifs pour ne pas dire grandiloquents, n’a pas lésiné sur ces derniers, tels des squelettes et autres évocations mortifères, dont l’omniprésence, devenue risible, n’est plus du tout dérangeante. C’est ce qui s’appelle manquer son but.

MARC QUINN. THE LITTORAL ZONE

Jusqu’au 15 octobre, Musée océanographique de Monaco, av. Saint-Martin, Monaco, tél. 377 93 15 36 00, www.oceano.org, tlj 9h30-19h en septembre, 10h-18h en octobre. Catalogue, 152 p.
- Conception : Marc Quinn

- Nombre d’œuvres : 62

MARC QUINN

Marc Quinn, Evolution, 2005, série de neuf sculptures en marbre rose et d’un bloc de pierre brute, dimensions variables, collection Pinchuk Art Centre, Kiev. © Photo : T. Ameller/Musée océanographique de Monaco.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°375 du 21 septembre 2012, avec le titre suivant : Marc Quinn prend l’eau

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