Carte blanche à...

Marc Couturier

Dessin du 3e jour, 2005, mine de plomb sur papier couché

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 mai 2005 - 365 mots

« Que la terre produise de la verdure, de l’herbe portant de la semence, des arbres fruitiers donnant du fruit selon leur espèce et ayant en eux leur semence sur la terre. » Extraites de la Genèse, ces lignes disent ce qu’il en a été au troisième jour de la Création. L’œuvre dessinée de Marc Couturier ne s’en veut pas une illustration mais y puise cependant le prétexte à la quête d’un absolu et l’argument d’une dynamique. Depuis quelque vingt ans, l’artiste développe une œuvre polymorphe qui tente de mettre en exergue une vision sublime du monde. Pour ce faire, Couturier a utilisé les matériaux les plus divers, qu’ils soient précieux ou insignifiants. Il a ainsi fait sourdre un astre de la terre constitué d’hostie en forme de demi-lune, il a fiché en lévitation dans le mur d’étonnantes lames dorées à la feuille, il a redressé de vieux morceaux de bois de rebut pour en révéler d’incroyables paysages. Versant graphique, la pratique des dessins dits « du troisième jour » qu’il a instituée dans le cadre d’un exercice sériel, réalisé à la mine de plomb sur papier, renvoie à l’idée d’une écriture systématique. Le principe du travail consiste à recouvrir dans une seule et même unité de temps et de geste la totalité du champ de l’image dont le cadre est toujours de même dimension, en commençant en haut à gauche et en terminant en bas à droite. Il s’agit d’une occupation continue de l’espace et d’une totale absorption de l’idée de ciel et de terre pour inviter le regard à une véritable plongée dans l’indicible. Les dessins du troisième jour de Marc Couturier sont ordinairement présentés sur de petites étagères, placés en appui contre le mur et légèrement inclinés. Pour cette carte blanche, compte tenu d’une lecture à plat du dessin et de son rapport de proximité, l’artiste en a réduit quelque peu le format tout en jouant sur les différences de blanc qui entourent l’image dessinée.

« Marc Couturier », STRASBOURG (67), galerie Yves Iffrig, 14 rue de l’Ail, tél. 03 88 32 30 81, 20 mai-30 juillet. Marc Couturier est représenté par la galerie Praz-Delavallade, 28 rue Louise Weiss, Paris XIIIe, tél. 01 45 86 20 00.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°569 du 1 mai 2005, avec le titre suivant : Marc Couturier

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