Le lauréat du Praemium Imperiale 2025 défend une architecture caractérisée par sa simplicité et une insertion fine dans le paysage.
En récompensant l’architecte Eduardo Souto de Moura, le 22 octobre prochain, la Japan Art Association qui décerne le Praemium Imperiale met en lumière l’architecture d’un petit pays, le Portugal, qui a su tirer parti de ses faiblesses. Faute de moyens, l’architecture portugaise qui a émergé après la dictature de Salazar (à partir de 1974) s’est distinguée par sa modestie. Le choix de volumes bas, la prise en compte de la topographie, l’insertion dans le paysage sont des éléments que l’on y retrouve régulièrement. C’est ainsi la simplicité et la sobriété du travail de l’architecte portugais qui a joué en sa faveur. Né en 1952 dans une famille conservatrice et peu portée sur l’art, le lauréat s’est formé auprès de son compatriote Alvaro Siza (né en 1933), autre représentant éminent de la scène portugaise. Les deux hommes ont d’ailleurs collaboré sur plusieurs réalisations : le pavillon du Portugal lors des Expositions universelles de 1998 et 2000, et le Serpentine Pavillon à Londres en 2005. Revendiquant l’influence de l’architecte allemand Ludwig Mies Van Der Rohe (1886-1969), ou de l’art minimaliste, Souto de Moura aime les matériaux et ose la couleur : la teinte terracotta du béton des tours pyramidales de la Casa das Histórias de Cascais, les céramiques blanches et bleues de la station de métro de Porto. Le stade de football de Braga construit pour l’Euro 2004 a aussi marqué les esprits. Installé dans une caserne désaffectée, le bâtiment est organisé autour de deux tribunes qui se font face, dont l’une à flanc de roche, chacune étant recouverte d’une imposante toiture suspendue. La réalisation constitue à la fois une prouesse d’ingénierie et s’impose par son insertion à flanc de montagne. La roche extraite de la falaise a d’ailleurs servi pour fabriquer le béton. Primé de multiples fois (prix Pritzker en 2011, Lion d’or à Venise en 2018), Souto de Moura a essentiellement construit dans son pays et en Europe. En France, on lui doit des immeubles à Bordeaux et à Nantes. En 2020, il a livré la Comédie de Clermont-Ferrand. L’édifice de cette scène nationale a été aménagé dans l’ancienne gare routière de la ville, bâtiment moderniste de la fin des années 1950. La façade originale a été conservée, l’ancienne salle des pas perdus transformée en hall d’accueil ouvert sur la rue par des baies vitrées. Les deux salles de 900 et 300 places ont été reliées par des jeux de volumes. Une conception toute en discrétion et sensibilité, pensée au service des usagers.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
L’ode à la sobriété de Souto de Moura
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°789 du 1 octobre 2025, avec le titre suivant : L’ode à la sobriété de Souto de Moura








