Lever de rideau

Par Christian Simenc · L'ŒIL

Le 1 octobre 2018 - 398 mots

Cachan -  Inutile d’attendre les trois coups. Le (mur-)rideau s’est déjà un brin soulevé et l’effet est bluffant.
Telle est la première impression que perçoit le visiteur lorsqu’il arrive depuis la mairie, par l’avenue Louis-Georgeon, devant le nouveau théâtre Jacques Carat, à Cachan (Val-de-Marne). D’abord, une longue façade (presque 90 mètres) texturée façon étoffe et constituée d’un appareillage de blocs de pierre agrafés au calepinage réglé au cordeau. « Nous voulions une matérialité assez fine, afin qu’elle apporte une vibration entre les parties pleines et les parties ajourées, voire même, par endroits, un effet de moucharabieh », souligne Gaël Le Nouëne, coauteur du projet avec ses confrères Vincent Baur et Guillaume Colboc, alias Ateliers O-S architectes. Ensuite, effectivement, cet effet de soulèvement qui s’amorce de part et d’autre des deux extrémités opposées du bâtiment, pour arriver à son maximum au milieu dudit volume, en l’occurrence l’entrée officielle de l’institution.Il ne s’agit pas complètement d’un édifice inédit, mais de la restructuration et de la réhabilitation de l’ancien théâtre existant, construit dans les années 1960. Seules la grande salle (700 sièges) et sa cage de scène (soit, au total, 1 237 m2) ont été conservées. Le reste a été démoli et 3 323 m2 ont été créés. Coût des travaux : 11,97 millions d’euros. La partie neuve, majoritaire donc, s’organise autour de ce « cœur » préservé et héberge, entre autres, un vaste foyer et sa cafétéria, une salle d’expositions, ainsi qu’une seconde salle de représentations de 230 places assises, de type Black Box, à configurations scéniques multiples : à plat, frontal ou bi-frontal. Au sous-sol, on trouve les loges et le foyer des artistes, une salle de répétition et trois ateliers d’activités pédagogiques ; et sur le toit-terrasse, le logement de fonction du gardien.Au rez-de-chaussée, dans le hall d’entrée, une vaste paroi en plastique rétro-éclairée installée au-dessus de la banque d’accueil reçoit le spectateur en douceur. La structure, en béton, a été (judicieusement) pensée de manière à libérer entièrement le foyer de points porteurs. L’espace intérieur y apparaît, de fait, on ne peut plus généreux. Les murs, eux, sont soit laissés bruts, soit habillés de panneaux de bouleau. Sobre et efficace. Côté avenue et côté esplanade paysagère, la façade du bâtiment se soulève, laissant place à la paroi de verre et à la lumière naturelle. Un jeu s’instaure alors entre masse et légèreté. Comme si la lourde peau de pierre perdait soudain son poids.
À savoir
Vincent Baur (1978), Guillaume Colboc (1978) et Gaël Le Nouëne (1977) se sont rencontrés lors d’une année Erasmus à la Faculty of Architecture and the Built Environment, à Delft (Pays-Bas). Ils ont ensuite passé leur diplôme à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville. Le trio a notamment œuvré pour les agences bataves OMA et West 8, avant de créer sa propre agence, en 2007, à Paris : Ateliers O-S architectes.
À voir
Théâtre Jacques Carat, 21, avenue Louis-Georgeon, Cachan (94).

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°716 du 1 octobre 2018, avec le titre suivant : Lever de rideau

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