À la fois théoricien et praticien de la forme, Pomodoro laisse derrière lui une œuvre monumentale d’inspiration géométrique et politique.

Le dernier « géant de la sculpture italienne » est mort à la veille de ses 99 ans dans sa maison de Milan. Arnaldo Pomodoro est né le 23 juin 1926 à Montebello di Romagna. Géomètre de formation, il nourrit dès l’enfance le rêve de devenir architecte ou scénographe, et se lance au début des années 1950 dans une carrière artistique après avoir été impressionné par une exposition de Picasso.
En 1954, il s’installe dans la capitale lombarde et se souviendra toujours de ses débuts comme d’une période d’intenses échanges intellectuels marquée par son amitié avec Lucio Fontana. Les deux artistes fondent le groupe Continuità en 1961, auquel se joignent Perilli, Novelli, Turcato, Dorazio et son frère cadet Giò Pomodoro.
Mais c’est la bourse qu’il reçoit en 1959 pour étudier l’art américain aux États-Unis qui marque le véritable essor de sa carrière. Au MoMA, il découvre les sculptures de Brancusi, qui nourriront durablement son inspiration. À San Francisco, Arnaldo Pomodoro fait la connaissance de Mark Rothko, tandis qu’à New York, il côtoie Costantino Nivola, mais aussi Jasper Johns, Andy Warhol et surtout les sculpteurs David Smith et Louise Nevelson. Il enseigne rapidement à Berkeley et entre en contact avec la Beat Generation. Sa notoriété ne cesse de croître, marquée par ses premières reconnaissances internationales. En 1963, il est honoré du Prix international de sculpture à la VIIᵉ Biennale de São Paulo, l’année suivante il reçoit le Prix national de sculpture à la XXXIIᵉ Biennale de Venise et, en 1967, il remporte le Prix international de sculpture du Carnegie Institute de Pittsburgh. À la fin de cette décennie, il noue une collaboration avec la Marlborough Gallery de New York.
Il n’a de cesse de représenter l’abstraction dans des pièces monumentales en bronze, à travers des séries telles que les Sphères, les Cônes ou les Disques, qui ornent les places des villes qui en font l’acquisition, comme Turin, Los Angeles ou Copenhague. On les retrouve sur le parvis du ministère des Affaires étrangères italien à Rome, devant le Palais des Nations unies à New York, face à celui de la Jeunesse à Moscou ou encore dans la tour en spirale de six mètres de haut devant le théâtre Strehler à Milan.
Dans de nombreux entretiens, il avait expliqué l’origine de sa passion pour les formes élémentaires de la géométrie euclidienne, parfaitement lisses à l’extérieur et hérissées de dents, de gouffres et de blessures à l’intérieur. « Je prépare mes sculptures en travaillant la terre. J'ai été frappé par l'image de la bombe atomique explosant comme un champignon, tout en miasmes mortels. J'ai alors pensé à corroder la surface de la sculpture, je voulais laisser cette trace, j'ai travaillé en négatif pour créer cette destruction, un signe fort d'obstacles, d'épines, de blessures incurables. »

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Le sculpteur Arnaldo Pomodoro décède à la veille de ses 99 ans
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