Inauguration

Le pont Arganzuela, joyau du rio

Perrault à Madrid

Par Gilles de Bure · Le Journal des Arts

Le 20 juin 2011 - 413 mots

Depuis la Sierra de Guadarrama (Espagne), où il prend sa source, le rio Manzanares s’étire sur 92 kilomètres jusqu’au Tage dans lequel il se jette. Sur sa route, il croise Madrid qu’il traverse sur sa partie ouest. Longtemps, les Madrilènes s’y baignèrent, jusqu’à ce que le développement urbain et autoroutier de la capitale espagnole entraîne pollution et assèchement.

Bordé par l’autoroute périphérique urbaine M30 qui longeait ses deux rives, le Manzanares n’était plus que l’ombre de lui-même. Jusqu’à ce que, en 2000, la municipalité décide de créer sur les deux rives un vaste parc de 23 hectares. En 2005, la double autoroute disparaît, enterrée à 25 mètres de profondeur. Les travaux d’aménagement peuvent alors démarrer. En 2009, on inaugure là le Centre de tennis olympique, dû à l’architecte français Dominique Perrault, que les Madrilènes surnomment rapidement « la boîte magique » (lire le JdA n° 304, 29 mai 2009). Face à un tel succès et cette réussite technique, le maire de Madrid, Alberto Ruiz-Gallardón, commande à Perrault une passerelle, piétonne et cycliste, destinée à relier les deux rives du parc et située à mi-distance du pont historique de Toledo et du pont de Praga. Résultat, une torsade de 278 mètres de long, composée de deux cônes métalliques (le cône sud mesure 150 m de long ; le cône nord, 128 m) qui se jouent de la topographie complexe du territoire. Les deux cônes se rejoignent au sommet d’une colline et sont désaxés afin de créer une place belvédère, dégageant ainsi une vue exceptionnelle sur le parc et sur la ville. Chaque cône repose sur deux piliers posés à son extrémité. Jolie prouesse technique de la part de l’architecte, qui signe là son premier ouvrage d’art : de quelque point qu’on la contemple, la passerelle semble en lévitation, comme suspendue dans les airs. La franchir ménage aussi son lot de surprises. D’un bout à l’autre, le diamètre des cônes varie de 5 à 12 m, provoquant d’étranges impressions. En outre, la maille métallique – dispositif de prédilection de l’architecte – dont elle est tendue et qui se déploie comme un ruban cousu fait varier la lumière et les sensations. Créant ainsi une sorte de parcours initiatique et ludique. Ce long ruban métallique, en forme de torsade ou de spirale, et dont la texture se modifie visuellement au fil des heures et des saisons, a su séduire les Madrilènes qui l’ont déjà surnommé, un mois seulement après son inauguration, « le joyau du rio ». 

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°350 du 24 juin 2011, avec le titre suivant : Le pont Arganzuela, joyau du rio

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