Architecture

Le Mont-Beuvray à l’honneur

Son musée, signé Pierre-Louis Faloci, "Équerre d’Argent 1996"

Par Manuel Delluc · Le Journal des Arts

Le 1 décembre 1996 - 600 mots

MONT-BREUVAY

Le Musée de la civilisation celtique du Mont-Beuvray, dans la Nièvre, grand projet présidentiel construit par Pierre-Louis Faloci, a obtenu « l’Équerre d’Argent » 1996.

Un prix spécial du jury a été attribué aux bureaux de la Caisse nationale de Prévoyance à Angers, conçus par François Leclercq et Fabrice Dusapin, tandis que les logements sociaux de Lorient, « remodelés » par Roland Castro et Sophie Denissof, reçoivent une mention. Le prix de la première œuvre (lire ci-dessous) revient à Thierry Lacoste, Antoinette Robain et Claire Guieysse pour le bâtiment des Archives d’outre-mer à Aix-en-Provence.

Après avoir successivement récompensé trois des architectes les plus médiatisés de la scène architecturale française des années quatre-vingt (Jean Nouvel en 1993, Henry Gaudin en 1994, et Christian de Portzamparc en 1995), le jury des prix du Moniteur 1996, en décernant sa plus prestigieuse récompense à l’architecte Pierre-Louis Faloci pour son Musée de la civilisation celtique du Mont-Beuvray, dans la Nièvre, semble avoir voulu distinguer une œuvre résolument élaborée hors des influences de la mode, et dont le vocabulaire formel la rattache plutôt à quelques figures "tutélaires" de la première modernité : Franck Lloyd Wright, Mies van der Rohe ou Guiseppe Terragni.

Né à Nice en 1949, Pierre-Louis Faloci a commencé sa carrière à la fin des années soixante-dix par quelques projets de villas sur la Côte d’Azur, témoignant de la recherche d’une modernité spécifiquement méditerranéenne sous l’influence du "régionalisme critique" alors en vogue dans les écoles milanaise et barcelonaise. Le début des années quatre-vingt, à travers ses premiers projets parisiens (essentiellement des aménagements intérieurs : lieux d’exposition et bureaux pour Issey Miyake rue Campagne-Première, hall du Palais de Tokyo...) marquera l’apparition de problématiques plus personnelles se traduisant par un dépouillement de plus en plus prononcé. Une ferme et une villa réalisées au Portugal permettront à l’architecte d’approfondir cette affirmation architecturale, caractérisée par une dialectique typiquement moderniste entre intériorité spatiale et cadrage/ouverture sur le paysage. Le projet du musée du Mont-Beuvray, avec sa très classique composition en "équerre" (distinguant, en deux volumes orthogonaux, espaces d’exposition et locaux administratifs) et sa stratification de plans horizontaux et verticaux – métaphore d’une stratification archéologique –, apparaît comme le point d’orgue de cette recherche, plus soucieuse d’approfondir l’héritage moderne que de le renouveler à chaque instant. Il en résulte un beau bâtiment, fort bien inscrit dans son site, dont la sévère gravité s’accorde parfaitement à l’exhumation archéologique.

Une œuvre qui en appelle d’autres
Successivement lauréate des Albums de la jeune architecture, de l’Europan 2, de l’Appel aux jeunes architectes du Pavillon de l’Arsenal, et finalement du prix de la première œuvre 1996 décerné par le Moniteur, l’équipe constituée par Thierry Lacoste et Antoinette Robain, rejoints plus récemment par Claire Guieysse, accumule les récompenses destinées – en théorie – à promouvoir la jeune architecture. Une telle constance dans la réussite témoigne pourtant de façon exemplaire des difficultés que recontrent les jeunes architectes d’aujourd’hui pour accéder à la commande. Car malgré tous leurs succès, le bâtiment des Archives d’outre-mer pour lequel ils viennent d’être récompensés n’est que leur premier projet important effectivement réalisé, après moult études sans suite. Celui-ci apporte pourtant la preuve de la maîtrise acquise par cette jeune équipe : petite boîte de couleur ocre-rouge juxtaposée à l’ancien bâtiment des Archives, il se distingue par son mode d’éclairement indirect provenant de multiples petites "ouïes" se décollant obliquement des façade et de la toiture du bâtiment. L’intérieur révèle une salle de lecture très simple, dont la géométrie élémentaire est magnifiée par la variation de la lumière diffusée par les "ouïes", à mesure des mouvements du soleil et des évolutions du climat.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°31 du 1 décembre 1996, avec le titre suivant : Le Mont-Beuvray à l’honneur

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