Las Palmas de Gran Canaria

L’art au secours de l’écologie

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 4 octobre 2007 - 488 mots

Une exposition du Centro Atlántico de Arte Moderno se penche sur les changements climatiques, tout en intégrant la protection de l’environnement à sa propre production.

 LAS PALMAS DE GRAN CANARIA - Les questions environnementales sont aujourd’hui de plus en plus au centre du débat. En France, le gouvernement dispose désormais d’un grand ministère de l’Écologie, du développement et de l’aménagement durables et le titulaire de ce portefeuille, Jean-Louis Borloo, a lancé le 6 juillet le Grenelle Environnement, qui, on l’espère, aboutira à des mesures concrètes. À l’échelle planétaire, un millier de représentants d’une centaine de pays se sont retrouvés du 27 au 29 août à Vienne, en Autriche, pour évoquer les changements climatiques et l’après-protocole de Kyoto, dont les objectifs ne vont pas au-delà de 2012.
Le monde de l’art ne peut rester insensible à ces questions cruciales pour l’avenir de l’humanité, et il faut souligner l’initiative prise, cet été, par le Centro Atlántico de Arte Moderno (CAAM), situé à Las Palmas de Gran Canaria (Espagne). L’institution lance un pavé dans la mare avec son exposition « Weather report. Climate change and visual arts [Météo. changement climatique et arts visuels] ». La manifestation réunit dix-huit artistes autour de la question des changements climatiques, mais aussi de la pollution et de l’écologie. Ainsi, l’artiste chinois Gu Dexin a-t-il installé au centre du musée un collecteur censé faire entrer l’air pollué extérieur à l’intérieur de l’institution. Dans cette atmosphère, les œuvres des autres artistes s’attachent souvent de façon littérale à présenter les effets de l’industrialisation : amas de déchets et de sacs poubelle (Carlos A. Schwartz, Hrafnkell Sigurdsson), fonte des glaces (Dan Holdsworth)… L’Anglais Janek Schaefer a, lui, suspendu quatre globes terrestres symbolisant la surface qui sera nécessaire pour absorber l’ensemble des déchets que produira notre civilisation à la fin du XXIe siècle ! Dans ce contexte, L’Éclipse de Laurent Grasso est aussi à prendre au sens figuré. Enfin, une salle entière a été réservée à Manuel Vázquez Abeledo, de l’institut d’astrophysique des Iles Canaries, qui y déploie sur des panneaux pédagogiques les effets de la pollution sur le climat. Éloquent !
Au-delà des propositions des artistes, la production même de l’exposition se veut écologique. En effet, le transport des œuvres a été réduit au minimum. Les photographies de tous les artistes ont été envoyées par Internet et tirées sur place. De façon plus inédite, le CAAM va compenser les émissions de CO2 générées par les transports. En prenant en considération son budget de 200 000 euros, l’institution va verser 6 000 euros à la société Climate Care (www.clima tecare.org) qui mène des actions environnementales pour annihiler ces émissions. Cette initiative, qui fera peut-être école, n’en reste pas moins le principal intérêt de cette exposition qui peine à prendre son envol d’un point de vue plastique.

WEATHER REPORT. CLIMATE CHANGE AND VISUAL ARTS [METEO. CHANGEMENT CLIMATIQUE ET ARTS VISUELS]

Jusqu’au 16 septembre, Centro Atlántico de Arte Moderno (CAAM), Los Balcones 11, 13, Las Palmas de Gran Canaria, Espagne, www.caam.net, tlj sauf lundi 10h-21h, dimanche 10h-14h.

WEATHER REPORT

- Commissaire : Á?lvaro RodrÁ­guez Fominaya - Nombre d’artistes : 18 - Budget : 200 000 euros

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°264 du 7 septembre 2007, avec le titre suivant : L’art au secours de l’écologie

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