Russie - Triennale - Art contemporain

La Triennale de Moscou invite la Crimée et suscite la polémique

Par Marine Vazzoler · lejournaldesarts.fr

Le 10 avril 2017 - 334 mots

MOSCOU (RUSSIE) [10.04.17] – Si elle ne présente aucun artiste venant de la Crimée récemment annexée par la Russie, la triennale du Garage Museum de Moscou organise des tables rondes sur les pratiques d’artistes nés en Crimée et déclenche la controverse.

A peine inaugurée, la Triennale de l’art russe contemporain (10 mars - 14 mai 2017) provoque le mécontentement de certains. Hébergée par le Garage Museum, un musée d’art contemporain privé à Moscou, cette Triennale propose, à côté d’une large exposition d’œuvres d’artistes russes contemporains, des tables-rondes, discussions et performances qui interrogent la place des artistes venant de Crimée au sein de la création contemporaine russe.

Pour certains, cette programmation résonne comme une provocation, ils y voient une « reconnaissance implicite des revendications de la Russie envers la Crimée. » Une critique irrecevable selon le directeur du musée Anton Belov, qui refuse que les « habitants de Crimée continuent d’être exclus de la vie artistique russe. » Il estime que « ces artistes travaillent avec trop peu d’infrastructures et de soutien et que cela nous fait oublier leur existence. » Les commissaires de la Triennale rappellent que « ce n’est pas une exposition politique » et qu’elle « ne fait que refléter des réalités géopolitiques. »

Le sujet est en effet sensible : auparavant rattachée à l’Ukraine, la Crimée a rejoint le territoire russe le 16 mars 2014, quelques jours après les résultats d’un référendum lors duquel la majorité des habitants avait voté en faveur de cette annexion. Ce référendum précipité et supervisé par des militaires russes avait été jugé illégal par une grande partie de la communauté internationale.

Certains artistes russes avaient réagi à l’époque de l’annexion comme le jeune peintre Nikita Kadan qui s’était dit « consterné. » Il expose ses oeuvres à la Triennale du Garage Museum tout comme le collectif Chto Delat ? (Qu’est-ce qui a été fait ?) qui présente un court métrage intitulé Safe Haven (Havre de Paix) qui conte l’histoire du cinéaste de Crimée, Oleg Sentsov, un opposant farouche à l’annexion de la Crimée et emprisonné en Russie depuis 2 ans.

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Le bâtiment du Garage Museum of Contemporary Art, Moscou. © Photo : Yuri Palmin/Garage Museum of Contemporary Art.

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