Design

La fabrication des objets

Par Christian Simenc · Le Journal des Arts

Le 2 septembre 2009 - 430 mots

Objets prototypes et produits issus de la grande série sont confrontés à Milan.

MILAN - Pièce unique ou produit de masse ? C’est la question à laquelle tente de répondre l’exposition « Séries/Hors Séries », concoctée par le Triennale Design Museum, à Milan, à travers un distingo entre les différents modes de production en vigueur en Italie à partir des années 1930. Du luminaire à la voiture, du mobilier au bateau, la scénographie se divise en quatre parties : « Grande série », « Petite série », « Hors série » et « Expérimentation ». Une flopée de subdivisions – prototypes, recherche technologique, recherche expressive, édition limitée, sur-mesure, pièces spéciales… – montrent aussi l’extraordinaire éclectisme de la fabrication des objets. Parmi les réussites transalpines figurent la mythique bouteille conique de Campari-Soda dessinée en 1932 par le futuriste Fortunato Depero ou la machine à café professionnelle Brasilia signée Gio Ponti, Antonio Fornaroli et Alberto Rosselli (La Pavoni, 1959), encore présente dans nombre de bars de la Péninsule. Best-seller toutes catégories confondues : l’interrupteur électrique Rompitratta d’Achille et Pier Giacomo Castiglioni. Édité par VLM en 1968, il s’en est écoulé plus de… 15 millions de pièces !
Le parcours de l’exposition se déploie de l’« artisanat d’excellence » aux technologies les plus sophistiquées. Seul hic : difficile, pour l’observateur, de distinguer la pièce unique de celle fabriquée en série, sachant que n’est exposé qu’un exemplaire de chaque. La démonstration paraît plus aisée avec l’automobile : tout le monde (ou presque) sait en effet faire la différence entre une voiture de tous les jours et un concept car, telle cette merveilleuse « Ferrari PG », projet de l’agence Pininfarina datant de 1968 qui inspira les lignes de la Ferrari BB ou de la 308 GTB. Aussi le visiteur se rabattra-t-il sur ces petits films illustrant les différents modes de fabrication, et croira sur parole les cartels. Comme celui qui précise que la chaise en polycarbonate La Marie dessinée par Philippe Starck en 1998 et produite par Kartell, siège totalement transparent et réalisé en un seul moule, a, depuis, franchi la barre du million d’exemplaires vendus – pour un prix autour de 170 euros. En regard, la chaise en carbone Light Light (Alias), conçue en 1987 par Alberto Meda, n’aura été réalisée qu’en… 5 exemplaires. Si elle ne pesait qu’un kilo, elle coûtait, à l’époque, 7 000 francs pièce, soit plus de… 1 000 euros. Bref, l’antithèse de l’objet standard !

Serie/Fuori Serie, jusqu’en février 2010, Triennale Design Museum, viale Alemagna 6, Milan, www.triennaledesignmu seum.it. Catalogue, éd. Triennale/Electa, 256 p., 55 euros, ISBN 978-88-370-6920-9.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°308 du 4 septembre 2009, avec le titre suivant : La fabrication des objets

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