Mouans

La Côte d’Azur et ses collectionneurs

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 19 septembre 2011 - 485 mots

L’Espace de l’Art concret s’intéresse aux différentes formes d’engagement des amateurs de la région dans leur relation avec les artistes.

MOUANS-SARTOUX - Alors que les différents partenaires de la manifestation « L’art contemporain et la Côte d’Azur. Un territoire pour l’expérimentation 1951-2011 » ont donné à voir cet été la création dans tous ses états (lire le JdA no 351, 8 juillet 2011), l’Espace de l’Art concret, à Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes), a opté pour un point de vue singulier. S’il est toujours question d’artistes et d’œuvres d’art, celles-ci sont considérées à travers le prisme du collectionneur, de sa relation au créateur et de son éventuelle implication dans le processus de production.

Neuf collectionneurs (ou couples, ou groupes) installés dans la région – à l’exception des Parisiens Gilles et Marie-Françoise Fuchs, qui toutefois y possèdent une résidence – ont été invités, non pas seulement à exposer une/des œuvres(s) de leur collection, ou à proposer le nom d’un artiste, mais à entrer dans un rôle actif et à s’engager dans une aventure créative fondée sur le dialogue, tant avec les créateurs qu’avec l’institution.

Ainsi, beaucoup des travaux des dix artistes conviés – parmi lesquels Cédric Teisseire, Djamel Tatah ou Sandra Lorenzi – sont-ils présentés pour la première fois à cette occasion, avant de rejoindre la demeure de leur acquéreur ou commanditaire. Céleste Boursier-Mougenot expérimente par exemple, à la demande du couple Fuchs, un complexe dispositif entre intérieur et extérieur : une volière en aluminium installée sur un bassin balisé de capteurs génère une expérience sonore dans la salle d’exposition [Sans titre (Sculpture sonore), 2011]. Tandis que le « groupe » Ars Futura, composé de Maurice Gozlan, Jean-François Torres et Serge Le Borgne, qui se définit plus volontiers comme une « unité de production », a invité Krijn De Kooning à présenter la maquette à l’échelle 1 d’un dispositif qui devrait prendre place dans un jardin (Office, 2008).

Nouvel aspect
Chez d’autres, des œuvres existantes adoptent un nouvel aspect lors de cette présentation. Ainsi des admirables Assiettes de Delft (2005-2011) de Pascal Pinaud qui, entre hommage et ironie vis-à-vis du médium pictural, tapissent les parois de l’escalier circulaire à la demande d’un autre « ménage à trois » baptisé « LGR » (pour Laurence Gaétane Roland).

Remarquable est enfin la proposition de Florian Pugnaire et David Raffini, par l’entremise du collectionneur monégasque Michel Fedoroff. Dressées sur deux poutres métalliques posées au sol, cinq plaques d’acier miroir se succèdent, adoptant chacune une courbure de moins en moins accentuée. À travers la violence d’une onde de choc passée qui n’en finit pas de diffuser son souffle, la contrainte et la brutalité imposées à la matière lui confèrent, par-delà l’immobilisme, un dynamisme inattendu. Le tout en maintenant une tension extrême et paradoxale : une très belle œuvre !

COLLECTIONNEURS EN SITUATION

jusqu’au 30 octobre, Espace de l’Art concret, château de Mouans, 06370 Mouans-Sartoux, tél. 04 93 75 71 50, www.espacedelartconcret.fr, tlj sauf lundi-mardi 12h-18h.

COLLECTIONNEURS EN SITUATION

Commissaire : Fabienne Fulchéri, directrice de l’Espace de l’Art concret
Nombre de collectionneurs : 9
Nombre d’artistes : 10

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°353 du 23 septembre 2011, avec le titre suivant : La Côte d’Azur et ses collectionneurs

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