Nice

Irrévérencieuse Côte d’Azur

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 18 septembre 2012 - 489 mots

La Villa Arson propose une passionnante immersion dans soixante ans de performance.

NICE - La Côte d’Azur, son soleil, ses plages et… ses performeurs ! S’il est entendu que la région fut de tout temps un refuge pour les artistes et que les années 1960 y virent fleurir nombre de performances, grâce notamment à l’implantation de Fluxus due à la présence de Ben Vautier, il était difficile d’imaginer que cette pratique ait pu donner lieu à une production d’une telle ampleur. C’est cette histoire-fleuve, courant entre 1951 et 2011, que conte le Centre national d’art contemporain de la Villa Arson, à Nice, avec son exposition « À la vie délibérée ! », fruit d’un colossal travail de recherche mené sur place depuis 2007 par Cédric Moris Kelly.

Au vu de la dématérialisation intrinsèque à la pratique, se lancer dans pareille aventure aurait très vite pu tourner, sinon à une célébration du « vide », à l’entretien d’une nostalgie fétichiste de l’accessoire. Mais c’est parce que la présentation de cette collecte d’informations assumée comme telle s’est voulue exhaustive et rigoureuse dans sa méthodologie que la proposition tient.
La manifestation prend le parti de segmenter les espaces d’exposition par des catégories de lieux où se déroulèrent les actions – bar, restaurant, hôtel ; équipement culturel et sportif ; bord de mer ; galeries… Elle présente au mur des documents – des photographies le plus souvent, des coupures de presse parfois, une page blanche lorsque plus aucun témoignage visuel ne subsiste – fixés par un ruban adhésif faisant office de cartel, tandis que le déroulé de l’action est intégralement décrit dans un journal d’accompagnement.

Évidemment le public s’y perd, mais c’est bien là l’un des plaisirs de la visite que de se laisser emporter par un flot d’informations où se déroule une histoire toujours en marche, irrévérencieuse et provocatrice, poétique également. Où l’on retrouve Paul McCarthy faisant le plein d’essence grimé en Pinocchio (1994), Jean Mas mettant en vente le Musée d’art moderne (1996), Philippe Perrin menant une campagne électorale « Blanc comme neige » (1994), Ben qui « signe la vie » sur la Promenade des Anglais (1972), quand Ruy Blas s’adonne à une « injection de foule dans la foule » (1980) ou reçoit sur un banc public afin de discuter de la situation de l’art à Nice (1977).
Partout le corps s’y expose comme outil de résistance face à la force dominante, à l’organisation normée et aux pouvoirs de toutes sortes, faisant de ce territoire une vivifiante aire de contestation qui rappelle que la région niçoise n’est pas seulement une série de clichés : la Côte d’Azur, son soleil, ses plages et… ses paillettes !

À LA VIE DÉLIBÉRÉE ! UNE HISTOIRE DE LA PERFORMANCE SUR LA CÔTE D’AZUR DE 1951 À 2011

Jusqu’au 28 octobre, Centre national d’art contemporain de la Villa Arson, 20, av. Stephen-Liégeard, 06100 Nice, tél. 04 92 07 73 73, www.villa-arson.org, tlj sauf mardi 14h-18h.

À LA VIE DÉLIBÉRÉE !

- Commissaire : Éric Mangion

- Nombre de documents : environ 1 000

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°375 du 21 septembre 2012, avec le titre suivant : Irrévérencieuse Côte d’Azur

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