Rétrospective

Goldstein enfin célébré

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 19 juin 2013 - 410 mots

À New York, le Jewish Museum offre pour la première fois une lecture globale de l’œuvre de Jack Goldstein.

NEW-YORK - Il a toujours été un personnage présent et terriblement absent. Canadien longtemps installé à Los Angeles, ce qui n’est pas anodin dans le développement d’une pratique marquée par les effets cinématiques et un certain goût pour les images rutilantes, Jack Goldstein (1945-2003) est de ces figures connues de tous sans que personne ne sache trop pourquoi. Ou plutôt si, deux œuvres devenues mythiques : The Jump (1978), film ultracourt de 26 secondes, où un plongeur pixelisé se perd dans les ténèbres, et Metro-Goldwyn-Mayer (1975), où le lion de la compagnie cinématographique voit son célèbre rugissement répété à l’infini, insistant ainsi sur des contingences essentielles de son art que furent le passage du temps et l’impact de l’image, dont sa vie durant il chercha à capturer à la fois la densité et la vacuité.

Ce que souligne la production picturale initiée à partir des années 1980, où les grands tableaux voient alterner des images de catastrophes ou de phénomènes météorologiques plats et finis, à la limite de l’artificiel. L’exposition rétrospective que lui consacre à New York le Jewish Museum est donc une heureuse surprise. D’ampleur modeste – une quarantaine d’œuvres – elle permet néanmoins de survoler l’ensemble de la carrière marquée par la problématique de la culture de masse. Il est permis d’y découvrir en particulier de nombreuses productions filmiques, captures de performances de ses débuts ou pures méditations sur la qualité du cinéma et de l’image en mouvement avec des actions où peu de choses se passent ; presque de l’anti-action où le sujet est scruté pour lui-même et ses qualités propres, installant une narration paradoxale, à l’instar des ténues variations de couleurs à la surface d’un couteau en argent dans The Knife (1975).

Que ce soit dans les travaux sonores – recréant presque un catalogue de textures et d’impressions – ou dans les nombreuses figures de la chute du corps perdu dans un infini qui parsèment le travail, l’exploration de la fragilité de la vie, de la mortalité et de la disparition apparaît essentielle chez Goldstein. Une disparition de lui-même que l’artiste orchestra sa carrière durant, jusqu’à choisir le moment de la rendre définitive.

JACK GOLDSTEIN x 10,000

Jusqu’au 29 septembre, The Jewish Museum, 1109 5th Avenue, New York, États-Unis, tél. 1 212 423 3271, thejewishmuseum.org, tlj sauf mercredi 11h-17h45, jeudi 11h-20h, vendredi 11h-16h. Catalogue coéd. DelMonico/Prestel, 240 p.

Légende photo

Jack Goldstein, The Jump, 1978, film 16mm couleur, 26 sec, lumière ultraviolette. © Photo Estate Jack Goldstein, courtesy Galerie Daniel Buchholz, Berlin/Cologne.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°394 du 21 juin 2013, avec le titre suivant : Goldstein enfin célébré

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