Devenir peintre ou le parcours du combattant d’un jeune artiste

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 21 janvier 2015 - 438 mots

Pictor a 23 ans. Originaire du sud-est de la France, le bac en poche, admis à l’École nationale des beaux-arts, il est monté à la capitale et il en est sorti diplômé avec les félicitations. S’il ne cache pas combien il a dû se battre contre vents et marées parce qu’il était peintre, il n’est pas peu fier de compter parmi les élus.

D’ailleurs, lors de l’exposition rituelle des félicités, sa peinture a été remarquée par la plupart. Il a même eu la chance que l’une de ses toiles soit reproduite en illustration d’un petit article dans un magazine spécialisé rédigé par un jeune critique en vogue qui n’a pas tari d’éloges sur sa peinture. Pictor le sait bien : cela ne suffit pas à l’assurer du lendemain, mais, tout de même, il a trouvé un acquéreur pour cette toile et il ne désespère pas qu’un galeriste lorgne sur son travail, voire lui propose une collaboration. Dans tous les cas, il escompte bien s’appuyer sur son défenseur avec lequel il s’est appliqué à développer une relation d’amitié. Il lui a récemment demandé de lui faire une lettre de recommandation pour deux ou trois dossiers qu’il veut déposer, considérant qu’il lui faut se faire connaître de tous les réseaux possibles. Il aspire ainsi à participer au Salon de Montrouge – car il a bien compris que c’était là un « salon-CV » incontournable – et à envoyer sa candidature à deux résidences d’artistes, plus particulièrement sensibles à la peinture, dont il a entendu parler et qui lui semble bien répondre à son profil.

Comme il suit les conseils qu’on lui a prodigués, Pictor a pris le parti de se faire voir, partant de l’idée que pour intégrer le monde de l’art, il faut aller vers lui, le connaître au mieux possible dans ses mécanismes et ses rhizomes. Aussi il fait régulièrement le tour des galeries, va dans les vernissages, lit L’Œil et la presse artistique, suit l’actualité institutionnelle. Bref, il ne veut rien manquer de ce qui se passe, se fait ou se dit de peur de n’être pas dans le coup. Pictor n’a pas tort, d’autant qu’il travaille d’arrache-pied parce qu’il sait surtout que c’est l’œuvre qui fait l’artiste – et rien d’autre. Pictor vit dans une impatience folle. Hier, il avait rendez-vous avec un galeriste auquel il a apporté son portfolio. La moindre sonnerie de téléphone le fait sursauter. Il sait que les barrières sont nombreuses à franchir avant de parvenir à ses fins. Toutefois, il est confiant. Il n’ignore pas qu’en matière d’art, le temps est le meilleur partenaire et que le secret de ce milieu est la durée.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°676 du 1 février 2015, avec le titre suivant : Devenir peintre ou le parcours du combattant d’un jeune artiste

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