Décembre au balcon

Par Céline Piettre · L'ŒIL

Le 18 novembre 2016 - 358 mots

Côté scène, la pleine saison brûle ses derniers feux : les Frères Karamazov de Frank Castorf, Rêve et Folie de Georg Trakl, Une Grande fugue de Beethoven...

Une belle saison – à défaut d’avoir été formidable –, où des succès courus d’avance, les tonitruants Frères Karamazov de Frank Castorf, ont partagé la vedette avec de tendres insolences (l’artiste Tino Sehgal chahutant notre vieil opéra Garnier avec un ballet de rideaux et de lumières) ! Seul véritable aventurier de l’automne, Claude Régy faisait, avec son Rêve et Folie de Georg Trakl, des adieux sublimes autant que ténébreux au monde du théâtre (à revoir à Lausanne, Caen, Reims et Bruxelles en 2017). L’euphorie de la rentrée passée, décembre alternera expérimentations et valeurs sûres. Une Grande fugue (op. 133) de Beethoven réunira exceptionnellement en une même soirée Lucinda Childs, Anne Teresa De Keersmaeker et Maguy Marin, chaque chorégraphe proposant sa version de la partition en fonction de son esthétique et de sa relation à la musique. Aux corps inévitablement attirés par le sol de la virtuose belge Anne Teresa De Keersmaeker succédera le quatuor féminin de Maguy Marin (qui revient ici à une forme « dansée ») et aux couples décuplés de l’Américaine Lucinda Childs. Dans un registre plus confidentiel, la plasticienne Nadia Lauro (géniale scénographe de Fanny de Chaillé ou de Latifa Laâbissi, et complice de la chorégraphe Jennifer Lacey) s’associe avec Antonija Livingstone dans le cadre du festival « Les Inaccoutumés » à La Ménagerie de verre. Leurs Études hérétiques nous convient à un banquet queer – espace érotico-érudit accueillant un chœur d’Amazones et promis à un avenir nomade. Aux Amandiers, à Nanterre, une autre figure des arts plastiques, la Française Lili Reynaud-Dewar, présentera une performance où il sera question de gencives, de dentiers chromés (le fameux « grillz » porté par les rappeurs) et de luttes raciales, entre satire et utopie sociales. Enfin, promesse de démos furieuses et de mélange des genres, la nouvelle création de Cecilia Bengolea et François Chaignaud accouplera chants médiévaux et danse jamaïcaine. De quoi réchauffer définitivement l’atmosphère.

Trois grandes fugues
www.festival-automne.com

Lili Reynaud-Dewar
www.nanterre-amandiers.com

Cecilia Bengolea et François Chaignaud
www.festival-automne.com

Études hérétiques
www.festival-automne.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°696 du 1 décembre 2016, avec le titre suivant : Décembre au balcon

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