Davor Vrankić - Dessinateur

Une pratique qu’il a su renouveler sans jamais sortir des limites du médium dans son plus simple appareil : du papier et un crayon noir 0,9 2B. Économie minimale des moyens qui ne sera évidemment jamais chez lui une prison minimaliste et hermétique, mais la source d’où va jaillir une œuvre sans limites, à la complexité et aux débordements imaginaires qui renversent notre perception du monde. À en croire sa rétrospective à Zagreb, Davor a su sans aucun doute trouver les ressorts pour réinventer sans fin un dessin en perpétuelle évolution, tout en gardant une réelle cohérence. Cohérence d’une œuvre qui toujours nous fascine parce que l’artiste, maîtrisant parfaitement les lois de l’illusion, nous donne à voir un univers hyperréaliste dans lequel on plonge physiquement et où les choses apparaissent vraies, alors qu’elles sont complétement réinventées. Une ambivalence qui fait écho au monde actuel où, cachée sous l’apparence d’un néolibéralisme easy et funny, résident folie collective, aliénation et surveillance totalitaire. Ce n’est pas tous les matins que l’on rencontre une œuvre alliant un imaginaire aussi foisonnant et singulier avec une maîtrise technique aussi aboutie, et nombre de collectionneurs et de musées internationaux l’ont déjà compris. À quand le réveil de l’institution française pour faire entrer dans ses collections l’œuvre de cet artiste vivant en France depuis bientôt 30 ans ?