Daniel Buren au Bon Marché

En 1965, Daniel Buren adoptait le principe d’une toile rayée alternant des bandes blanches et colorées de 8,7 cm de large. Cet « outil visuel », tel qu’il le définit, se caractérise alors par l’emploi de tonalités franches et par l’inscription de l’œuvre dans un lieu donné : celle-ci existe seulement « in situ ». Près de soixante ans plus tard, ce dispositif minimal, renouvelé par de continuelles variantes, semble d’une longévité inoxydable. Le travail de Daniel Buren défie les modes. À ceux qui lui reprocheraient son caractère décoratif, il oppose au contraire sa dimension « politique » : « située », l’œuvre est liée à un contexte dont elle modifie la perception. Et là où certains ne verraient dans sa peinture que pure abstraction géométrique, ses partisans soulignent la filiation baroque d’une création mimant dans ses jeux de formes et de lumière le mouvement dynamique de la vie. Le carnet de commandes de Buren ne désemplit pas ; cette année, le Bon Marché lui confie sa nouvelle « carte blanche ». Il investit en janvier le grand magasin de la rive gauche avec plusieurs pièces, créées autour du motif du carré que lui a inspiré le quadrillage métallique de ses verrières Belle Époque, notamment deux œuvres monumentales qui prendront place sous les puits de lumière du bâtiment, tandis que d’autres figureront dans l’escalator et d’autres encore sur les vitrines de la rue de Sèvres. Un « Acte II » se déroulera du 30 juin au 15 août, dans les atriums centraux. Au même moment, le groupe hôtelier de luxe Belmond, en collaboration avec la Galleria Continua, annonce la nouvelle « saison » de sa série artistique Mitico, dédiée en 2024 à l’artiste français, avec des sculptures installées dans quelques-uns de ses établissements, au Brésil, en Afrique du Sud, en Italie et en Espagne. Buren a inventé la répétition à l’infini…