Emploi

Menuisier en sièges

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 30 juillet 2007 - 706 mots

Spécialiste du travail du bois massif, le menuisier copie ou crée des sièges, mais aussi toutes sortes d’éléments mobiliers.

Occupant une place à part dans l’histoire du meuble, le siège a toujours été l’affaire de professionnels qualifiés du bois. Au XVIIe siècle, l’introduction du placage est à l’origine de l’apparition du métier d’ébéniste, qui diffère du travail du bois massif. Au XVIIIe siècle, les deux corporations se séparent : d’un côté, les ébénistes, de l’autre, les menuisiers en sièges, qui se spécialisent dans la fabrication des bâtis et carcasses de sièges, mais aussi d’autres meubles dits « meublants » (consoles, paravents, appliques, écrans à feu…). C’est sur cette infrastructure que sont ensuite ajoutés des décors de tous types (dorure, placage, sculpture…), puis les garnitures textiles.

Profession duelle
Pratiqué à la fois dans l’industrie et l’artisanat, le métier s’est aujourd’hui transformé et le menuisier est devenu un « prototypiste qualifié », capable de produire des copies de style, mais aussi des créations originales, fabriquées parfois en collaboration avec des designers. La profession est donc duelle. D’une part, le menuisier en sièges doit maîtriser le débit et le façonnage des pièces de bois et, parfois, d’autres matériaux. D’autre part, il doit savoir parfaitement dessiner, mettre en plan et maîtriser la géométrie descriptive. Il s’agit, en effet, de retranscrire avec précision les croquis et relevés, reporter les cotes, tracer des épures et résoudre les problèmes liés à la construction du meuble. La fabrication s’effectue à partir d’un patron, qui permet de découper les pièces de bois. Dans l’industrie, celles-ci sont très souvent prédébitées. Les formations actuelles privilégient désormais l’enseignement de la conception assistée par ordinateur et de l’imagerie de synthèse, qui permettent de résoudre les problèmes complexes posés par certains meubles, jouant avec les lois de l’équilibre. Elles favorisent également la recherche de confort, la légèreté du meuble et sa durabilité. Des outils informatiques qu’utilise Benoît Duruy, au parcours atypique : ancien photograveur, formé dans une école d’arts plastiques, ce dernier a ouvert l’an passé son atelier de menuiserie au sud-ouest de Paris. « La 3D me permet de résoudre les difficultés techniques avant la mise en cote du meuble », précise-t-il, lui qui fabrique des meubles uniques, principalement pour une clientèle de particuliers.
Parmi les qualités requises, le menuisier en sièges doit faire preuve de rigueur et d’une grande capacité d’analyse et être doté d’une certaine sensibilité artistique. Par ailleurs, le professionnel doit aussi savoir travailler en collaboration avec d’autres spécialistes qui participent à la fabrication du meuble. Le siège est, en effet, « monté à blanc », par assemblage avec tenons et mortaises, chevilles ou tourillons, c’est-à-dire sans colle, avant d’être livré au sculpteur ou au tourneur. Enfin, après avoir été collé, il passe entre les mains du doreur ou du laqueur puis du tapissier qui en réalise les garnitures. Autant d’étapes qui doivent être coordonnées par le menuisier, maître d’œuvre de la fabrication du siège.
Si les débouchés sont nombreux dans l’industrie du meuble – et parfois dans des secteurs connexes comme le design automobile ou nautique –, l’activité artisanale est aujourd’hui de plus en plus marginale. « Beaucoup d’artisans sont réduits à ne faire que de la pose d’éléments préfabriqués », regrette Benoît Duruy. Si certains se lancent malgré tout dans la création – pour un coût qui n’excède pas, pour le client, celui du mobilier haut-de-gamme –, la plupart des professionnels perpétuent leur savoir-faire dans la copie de meubles de style. La restauration reste, quant à elle, une activité spécifique, pratiquée par quelques restaurateurs patentés, capables de défaire et de refaire le travail de leurs illustres prédécesseurs.

Formations

- CAP menuiserie en sièges, durée deux ans ; niveau BEP. - FMA spécialité menuiserie en sièges : durée trois ans ; niveau bac. - DMA arts de l’habitat option décors et mobiliers : durée deux ans ; niveau bac 2. Renseignements - Lycées professionnels de Brionne (Eure), Neufchâteau (Vosges), Revel (Haute-Garonne), Lyon (Rhône) ; - Centres de formation et d’apprentissage de Paris et de Lyon et École supérieure Boulle des arts appliqués aux métiers de l’ameublement et de l’architecture intérieure, 9, rue Pierre Bourdan, 75012 Paris, tél. 01 44 67 69 67, www.ecole-boulle.org - L’Institut national du patrimoine : formation de restaurateur de mobilier, département des restaurateurs, 150, avenue du Président-Wilson, 93210 Saint-Denis-La Plaine, tél. 01 49 46 57 00, www.inp.fr

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°258 du 27 avril 2007, avec le titre suivant : Menuisier en sièges

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