Profession

Manager de sites du patrimoine mondial

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 19 novembre 2007 - 806 mots

L’Unesco et une ONG française forment des professionnels à la spécificité de la gestion de sites naturels et culturels souvent fragiles. Lancé en 2006, le programme de bourses proposé par « Unesco-Vocations Patrimoine », une ONG française présidée par le professeur Yves Coppens, entre dans sa deuxième session. Six nouveaux lauréats ont été désignés officiellement le 5 novembre dans les locaux de l’Unesco, à Paris.

Parmi eux se trouvent une Géorgienne, un Italien, un Bhoutanais, un Équatorien et un Iranien. En 2006, les lauréats étaient tanzanien, ukrainien, irlandais, chinois et néerlandais. Une bourse spéciale a par ailleurs été accordée pour 2007 par la ministre de la Culture, Christine Albanel, à une lauréate française, Sophie Eberhardt. Cette jeune étudiante en « plurilinguisme et interculturalité », âgée de 22 ans, aura pour mission d’accompagner dans son développement la nouvelle association « Biens français du patrimoine mondial », créée le 27 septembre. Présidée par le sénateur d’Indre-et-Loire Yves Dauge (PS), celle-ci ambitionne de mettre en réseau les trente et un sites français classés par l’Unesco, régis par une kyrielle de statuts différents. L’an passé, Renaud Donnedieu de Vabres, qui précédait ici Christine Albanel, s’était engagé à créer une formation française spécifique destinée à la gestion et à la conservation de ces sites. Celle-ci restera désormais dans les cartons de la Rue de Valois.

Protection durable
Partant du constat que les sites naturels et culturels classés patrimoine mondial – au nombre de 851 monuments et sites répartis dans 141 pays (estimés à 1 000 à l’horizon 2010) – sont de plus en plus menacés à la fois par le développement économique, les changements climatiques, l’urbanisation anarchique, les conflits armés, mais aussi par le tourisme, l’Unesco a souhaité former une nouvelle génération de professionnels capables de répondre aux défis de la protection de ces sites. « Il s’agit de conjuguer protection et tourisme, gestion durable et volonté politique », souligne Francesco Bandarin, directeur du Centre du patrimoine mondial, l’organe coordonnateur de l’Unesco sur le sujet des sites. Le programme « Managers » est organisé sous la forme d’une bourse d’une durée maximale de deux ans, alliant formation interdisciplinaire diplômante et pratique sur le terrain, en rapport avec l’objet d’étude. L’année de formation se déroule soit au sein de l’Université technique de Brandenburg à Cottbus, en Allemagne (monuments), soit à l’University College de Dublin, en Irlande (sites naturels). Les candidats doivent être titulaires d’une licence en arts ou sciences (anthropologie, architecture, archéologie, écologie, ethnologie, science des musées, arts visuels, paysage, sociologie, histoire, histoire de l’art, environnement, écosystèmes côtiers, ingénierie civile, foresterie). Ils doivent justifier d’un engagement professionnel ou de la volonté de travailler pour un site mondial. Les propositions les plus innovantes, telles que les études économiques comparées, les projets de musées virtuels ou de modélisation d’un site, sont les plus appréciés par le jury de sélection. Parmi les lauréats 2007, plusieurs s’attacheront notamment à établir des études comparatives. Ainsi de l’Iranien Damoun Vahabi-Moghaddam, dont l’étude sur la prévention et la gestion des risques sur les sites espagnols de l’Alhambra, du Generalife et de l’Albaycín, à Grenade, pourrait être transposée au site de Bam (Iran). Reste à savoir si les structures de gestion des sites joueront le jeu et recruteront ces professionnels qui ne disposent, à l’issue de leur bourse, d’aucun engagement contractuel.
Pour l’Unesco, ce programme relève aussi d’une volonté de porter assistance aux sites inscrits dans le cadre de la Convention sur le patrimoine mondial signée en 1972 et ratifiée par 184 pays. L’obtention de ce titre, qui fait l’objet d’un nombre de demandes croissantes désormais limité au quota de 45 sites par an, n’est en effet pas pourvoyeuse de deniers. 6,8 milliards de dollars sont néanmoins abondés tous les deux ans au Fonds du patrimoine mondial par les États parties et quelques donateurs privés, mais l’organisme ne sert qu’à l’élaboration des conventions et à assister les sites inscrits sur la Liste du patrimoine mondial en péril. D’où l’idée de proposer aux États cette compétence nouvelle par le biais de futurs managers, capables d’utiliser le tourisme comme force positive. Soutenu par les groupes Mazars et Axa, le programme ne décerne toutefois que cinq bourses sur une centaine de demandes enregistrées annuellement. Pour pouvoir augmenter le nombre de lauréats, l’Unesco lance donc un nouvel appel aux entreprises en faveur de ce mécénat de compétence original.

Formation

- Programme « Managers des sites du patrimoine mondial », Unesco-Vocations Patrimoine Inscription via les commissions nationales de l’Unesco, dossiers téléchargeables sur http://whc.unesco.org Bourses accordées dans le cadre du mastère en art d’Études du patrimoine mondial à l’Université technique du Brandenburg à Cottbus (Allemagne) (http://tu-cottbus.de/whs) et du mastère en Science de gestion du patrimoine mondial à l’Université Collège de Dublin (Irlande) (http://www.ucd.ie/cpe) Conditions : être âgé de moins de 45 ans, être inscrit ou en cours d’inscription dans l’un de ces mastères et être porteur d’un projet innovant pour un site du patrimoine mondial. Les lauréats bénéficient d’une rémunération de 1 300 euros par mois.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°269 du 16 novembre 2007, avec le titre suivant : Manager de sites du patrimoine mondial

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