L’ÉSAD de Grenoble retrouve son lustre d’antan

Grenoble. Un siècle d’humidité et de pollution avait terni l’éclat de l’École supérieure d’art et de design (ESAD) de Grenoble. Mais les pierres de sa façade principale protégée au titre des « Sites patrimoniaux remarquables » ont retrouvé leur teinte immaculée en septembre 2025 : une occasion pour les étudiants et les passants d’apprécier ses moulures, baies géminées et fenêtres cintrées, témoins du goût de l’architecte Joseph Martin pour la Renaissance italienne. Dix-huit mois de travaux ont été nécessaires pour rénover les 2 000 m² de l’école d’art, et pour cause : le bâtiment n’avait jamais fait l’objet de travaux d’ampleur depuis son édification dans les années 1910 et se trouvait dans un état de vétusté avancé lorsque la Métropole de Grenoble l’a racheté en 2017. Le chantier, dont la maîtrise d’œuvre a été confiée au cabinet d’architectes lyonnais Archipat, a été chiffré à 9,6 millions d’euros. 60 % sont financés par la Métropole, le reste par l’État, le Département de l’Isère et la Région Auvergne-Rhône-Alpes.

Les travaux de désamiantage et de curage, débutés fin 2023, ont fait place aux travaux de gros œuvre au printemps 2024. Certains murs ont été démolis en prévision d’une nouvelle configuration de l’espace, plus adaptée aux besoins pédagogiques actuels. Un amphithéâtre a notamment été détruit et reconstruit au rez-de-chaussée. La charpente a été réparée et renforcée et les fenêtres remplacées, dans une optique de réduction de 50 % de la consommation énergétique du bâtiment. Isolation des combles, réfection de l’électricité et de la plomberie, nettoyage et consolidation de la verrière, mise en accessibilité avec la création d’un ascenseur et de nouveaux sanitaires adaptés aux PMR… Les travaux de second œuvre se sont succédé jusqu’à la fin de l’été 2025. Si de nombreux aménagements se sont avérés indispensables pour assurer la viabilité du bâtiment, le cabinet Archipat a toutefois veillé à ce que le caractère historique du lieu soit préservé : les carrelages et parquets d’origine sont restés inchangés. L’architecte des bâtiments de France (ABF) a pour sa part exercé son droit de regard sur le projet de rénovation des façades et de la toiture. Les façades de 1911 et 1956 ont seulement bénéficié d’un nettoyage afin que les pierres retrouvent leur couleur d’origine.

La perspective de ce chantier a aussi été l’occasion, pour la direction et l’équipe pédagogique de l’École supérieure d’art et de design, de réfléchir à l’amélioration du confort et des ressources mises à disposition des élèves. Les étudiants bénéficient ainsi, depuis la réouverture de l’école d’art en septembre dernier, d’une bibliothèque à la superficie doublée, de nouveaux espaces de convivialité et d’un Fablab (espace d’expérimentation mettant à disposition des machines de fabrication numérique tels que des imprimantes 3D).