Profession

Les sept maîtres d’art

Le Journal des Arts

Le 17 décembre 2004 - 728 mots

Sept artisans ont reçu le prestigieux titre de maître d’art, récompensant ainsi leur savoir-faire tout en leur offrant la possibilité de le transmettre à un élève.

Depuis 1994, cinquante-six maîtres d’art, choisis sur proposition du Conseil des métiers d’art, ont été désignés par le ministère de la Culture et de la Communication. L’excellence des artisans nommés est soulignée par cette distinction qui les engage à transmettre leur savoir-faire à un élève susceptible de devenir leur successeur. Cette année, sept artisans ont reçu des mains d’Henri Paul, directeur de cabinet de Renaud Donnedieu de Vabres, leurs diplômes de maîtres d’art. Cette distinction s’accompagne d’une bourse de 16 000 euros qui, durant trois ans, contribuera à la formation d’un élève.
Cette nouvelle promotion saluait notamment le marqueteur Éric Sanson, qui travaille de concert avec son frère ébéniste Dominique (lire le JdA n° 199, 24 septembre 2004). « Cette nomination récompense l’atelier, car nous travaillons toujours à quatre mains, précise-t-il. Bien sûr, nous sommes flattés d’être reconnus par notre pays et nos pairs. Cependant, je reçois ce prix un peu tristement, car mon métier est en voie de disparition. Souvent dans les expositions nous remarquons que les visiteurs observent nos pièces comme s’il s’agissait d’objets de musée. Ils les admirent, mais ne se sentent pas concernés. Les gens doivent apprendre à se faire plaisir et comprendre que s’ils veulent profiter d’un beau patrimoine, c’est à eux de le constituer. Il ne faut pas seulement admirer nos savoir-faire, il faut nous faire travailler ! »

Techniques millénaires
Les professions des maîtres d’art 2004 sont inégalement connues. Sérigraphe, Alain Buyse a travaillé avec Aurelie Nemours, Niki de Saint Phalle, Robert Combas et Hervé Di Rosa. Une grande partie de ses éditions est déjà conservée au Musée de l’estampe et du dessin original, à Gravelines, qui s’apprête à compléter ses acquisitions en 2005. L’œuvre de Jean-Dominique Fleury est exposée aux yeux du grand public. Ce peintre verrier a mis ses compétences au service d’édifices patrimoniaux et de grands artistes : durant huit ans, il a créé suivant les maquettes de Pierre Soulages les cent cinq baies de l’abbatiale de Conques, avant d’œuvrer avec Martial Raysse pour les verrières de Notre-Dame de l’Arche d’Alliance à Paris.
Le joaillier créateur Gilles Jonemann a collaboré avec plusieurs enseignes de prestige, qu’il s’agisse de Christofle ou d’Issey Miyake. Ces bijoux qui mêlent matériaux issus de la faune et de la flore et métaux précieux sont généralement des pièces uniques, réalisées en tirage très limité ou sur commande exceptionnelle.
Enfin la maîtrise d’un coutelier d’art en acier damassé, Pierre Reverdy, a également été plébiscitée, l’artisan étant le garant d’une technique millénaire qu’il a su parfois perfectionner grâce aux nouvelles technologies.
Moins célèbres, les professions de noteur, ou tonotechnicien, et de tourneur « figuré » sur ivoire ont été aussi fêtées. Pierre Charial, musicien diplômé du Conservatoire national de Lyon, est passionné d’instruments mécaniques pour lesquels il réalise des cartons perforés. Élargissant le répertoire populaire généralement associé aux orgues de barbarie, il développe des créations contemporaines et s’est à plusieurs reprises produit en soliste avec des orchestres symphoniques. La « Victoire de la musique pour la création contemporaine » avait, en 1991 déjà, reconnu son talent. Son métier de tourneur « figuré », Pierre Meyer l’a presque appris par hasard. Ébéniste de formation, la lecture de vieux ouvrages et une patience sans borne lui ont permis de redécouvrir en autodidacte des techniques savantes et presque oubliées puisque leurs pratiques remontent aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le maître façonne des matières rares comme l’écaille, la nacre, les bois précieux, les pierres dures, l’os et surtout l’ivoire.
Pour la première fois, des trophées étaient cette année remis à deux artisans travaillant au sein de grandes maisons françaises. Le fait que leurs activités s’inscrivent dans le cadre d’une entreprise, et donc qu’ils n’aient pas le statut d’indépendant, suffisait jusqu’à présent à les rendre inéligibles au titre de maître d’art. Reste que l’excellence de leur maîtrise ne pouvait être ignorée, c’est pourquoi un prix spécial a été créé. Planeur en orfèvrerie et chef des ateliers Puiforcat, Éric Popineau (lire le JdA n° 203, 19 novembre 2004) a ainsi reçu un plat d’Étienne Hajdu créé pour la Manufacture nationale de Sèvres. Le travail et l’expérience de Christian Brunet, chef de l’atelier de modelage de Bernardaud, ont également été salués.

- Pour en savoir plus : www.maitres-art.com 

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°205 du 17 décembre 2004, avec le titre suivant : Les sept maîtres d’art

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