Profession

Les costumiers sous les feux de la rampe

Le Journal des Arts

Le 24 octobre 2003 - 743 mots

Dans le cadre de notre rubrique consacrée à un métier de la culture, nous vous invitons aujourd’hui à découvrir celui de costumier-réalisateur.

Faire revivre les silhouettes d’époques aujourd’hui révolues, telle pourrait être la définition du métier de costumier. Mais ce terme générique regroupe en réalité plusieurs professions, parfois radicalement opposées. Pour le cinéma, on distingue ainsi le créateur de costumes du chef costumier ou de l’habilleur, et, pour le théâtre, le décorateur-costumier du costumier-réalisateur. Pour s’y retrouver, il est important de différencier le travail du créateur de costumes (ou “décorateur”), responsable de la conception des costumes, de celui du costumier proprement dit (ou costumier-réalisateur), chargé de leur réalisation. Dans la pratique, la frontière séparant ces deux fonctions n’est pas toujours imperméable. Confectionnant depuis près de quarante ans des jupons baleinés, corsets, brassières, jarretelles ou gilets pour le théâtre, l’opéra, le cinéma et la télévision – elle a notamment collaboré avec Giorgio Stehler, Peter Brooks et Roman Polanski –, Danièle Boutard s’est fait une spécialité du costume historique. “Les maquettes imaginées par le décorateur constituent le point de départ de notre travail. Certaines sont très abouties et détaillées, mais d’autres simplement ébauchées, ce qui laisse une marge d’interprétation importante”, explique-t-elle. Commence alors entre le costumier et le décorateur tout un dialogue sur le choix des matériaux (galons, rubans, dentelles) et des étoffes, ou la confection d’un accessoire. “Un costumier compétent n’est pas seulement un bon couturier et un bon tailleur. Il doit aussi connaître les spécificités vestimentaires d’une époque et avoir une culture artistique solide “, affirme la costumière qui, parallèlement à une formation en couture au lycée Choiseul de Tours et à l’École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre à Paris (Énsatt), a suivi des cours de dessin à l’école des beaux-arts et d’histoire de l’art à l’École du Louvre. Pour Renato Bianchi, chef-costumier à la Comédie-Française, l’acquisition d’une “culture du costume” est tout aussi essentielle. “Si l’on nous demande de confectionner un costume XVIIIe mais à la manière des années 1950, il faut savoir de quoi on parle”, souligne-t-il.
Manuels de coupe (livres anciens ou rééditions qui sont des bases de référence pour les coupes historiques), relevés de patrons réalisés à partir de modèles authentiques et documentation iconographique (gravures, tableaux, revues anciennes) sont les outils de travail du costumier. “Nous utilisons parfois des patrons anciens, mais les réadaptons en fonction des mensurations des comédiens et des exigences de la mise en scène”, raconte Chantal Derner-Nersessian, chef-couturière à la Comédie-Française. Pour les costumes d’interprétation, il faut en revanche créer un nouveau modèle. “Les nouvelles générations ont trop tendance à recopier, se désole Renato Bianchi. Il faut au contraire s’efforcer de proposer à chaque fois quelque chose de nouveau.” En outre, les jeunes diplômés fraîchement sortis des écoles n’ont que rarement cette “qualité de doigts” si chère à la profession. “Il faudrait commencer l’apprentissage plus tôt, et apprendre la couture avant de se spécialiser dans le costume”, conseille le chef-costumier. “Les écoles se multiplient alors que le nombre d’ateliers ne cesse de diminuer”, déplore pour sa part Chantal Derner-Nersessian. Une disparition qui menace la transmission de précieux savoir-faire et, au-delà, l’ensemble de la profession.

Les formations au métier de costumier

- Les écoles spécialisées dans le costume : L’École supérieure des arts et techniques du théâtre (Énsatt) à Lyon, tél. 04 78 15 05 05. L’École supérieure d’art dramatique au théâtre national de Strasbourg (ÉSAD-TNS), tél. 03 88 24 88 59. L’École nationale des arts décoratifs (Énsad) à Paris, tél. 01 42 34 97 00. De nombreux lycées professionnels préparent en outre aux BEP “Métiers de la mode et industries connexes”?, BT “Vêtement création et mesure”?, DT des métiers du spectacle option Techniques de l’habillage, bac professionnel Artisanat et métiers d’art option Vêtement et accessoires de mode ou DMA costumier-réalisateur. Citons en particulier les lycées Antoine-Lomet à Agen, Alexis-de-Tocqueville à Cherbourg, Paul-Poiret à Paris, La Source à Nogent-sur-Marne et Les Coteaux à Cannes. - Les écoles spécialisées dans le stylisme et la couture : L’École supérieure des arts appliqués Duperré à Paris, tél. 01 42 78 59 09. Lycée Choiseul à Tours, tél. 02 47 88 10 30. Lycée de la mode à Cholet, tél. 02 41 71 00 53. Cité scolaire Diderot à Lyon, tél. 04 72 10 16 16. - Pour en savoir plus : Société d’encouragement aux métiers d’art (SEMA), Paris, tél. 01 55 78 86 07, www.metiersdart-artisanat.com ; Centre national du théâtre (CNT), Paris, tél. 01 44 61 84 85.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°179 du 24 octobre 2003, avec le titre suivant : Les costumiers sous les feux de la rampe

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