Profession

Les chantiers d’été en archéologie

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 1 août 2007 - 1034 mots

Participer à un chantier estival constitue la meilleure initiation à l’archéologie
ou à la sauvegarde du patrimoine.

Les fouilles, qui permettent d’exhumer des vestiges matériels, constituent le préalable de toute étude archéologique. Si une solide et longue formation théorique est indispensable pour devenir archéologue, celle-ci doit être impérativement accompagnée d’une expérience de terrain. Mieux vaut, dès lors, pour les impétrants archéologues, se rendre compte le plus rapidement possible de la réalité des fouilles pour confirmer ou infirmer leur vocation. Afin de limiter les aléas climatiques, le printemps et l’été constituent la période principale d’organisation des chantiers. Les contraintes de programmation, qui imposent souvent une durée d’action réduite, impliquent le recours à une main-d’œuvre abondante. Les bénévoles sont donc les bienvenus. Plusieurs conditions doivent toutefois être requises. Les fouilles ne sont pas un lieu de villégiature et, outre une solide motivation, il est nécessaire de se trouver en bonne condition physique, la tâche étant souvent harassante et ingrate. La fouille est en effet un travail long et minutieux, mené en équipe, qui implique de collecter et de consigner un maximum d’informations, l’exhumation étant elle-même destructrice. Si les méthodes et techniques peuvent varier d’un site à un autre, en fonction des époques et des terrains, les informations se doivent d’être toutes soigneusement répertoriées, les éléments importants étant photographiés et dessinés. Après le chantier seulement, viendra la phase d’analyse, qui produit souvent des résultats très partiels. Pour les étudiants, participer à un chantier de fouilles estival se révélera donc le meilleur moment pour une initiation ou pour confirmer un engagement. Il est par ailleurs recommandé de multiplier les expériences, ce qui permettra de choisir au mieux sa future spécialité.

Habitats d’esclaves
Plusieurs possibilités s’offrent au candidat. Celui-ci peut, d’une part, participer à un chantier intégré aux programmes de recherches scientifiques définis par le Conseil national de la recherche archéologique (CNRA). Ces chantiers sont ouverts après autorisation du ministère de la Culture et sont recensés chaque année par la sous-direction de l’archéologie, de l’ethnologie, de l’inventaire et du système d’information (Archétis). En général, ils ne sont ouverts qu’aux personnes majeures, dans de rares cas à des jeunes de 16 ans. Toutes les périodes historiques sont couvertes, de la préhistoire avec, cette année par exemple, une fouille dans la grotte de Bourrouilla en Aquitaine, datée du Magdalénien supérieur, ou encore un chantier situé à la Martinique et destiné à fouiller des habitats d’esclaves des XVIIIe-XIXe siècles. Outre ces chantiers publics, plusieurs associations proposent un vaste catalogue de fouilles, lancées souvent en partenariat avec les collectivités locales. Toutefois, celles-ci sont en général spécialisées dans les chantiers de mise en valeur et de restauration du patrimoine bâti. L’orientation est donc quelque peu différente et ces associations relèvent, pour la plupart, d’une volonté de proposer des activités de loisirs aux jeunes, dans une démarche d’éducation au patrimoine. En général ouverts aux adolescents – à partir de 13 ans –, ces chantiers sont parfois complétés par des stages de formation aux techniques de construction, placés sous la responsabilité d’un architecte en chef des Monuments historiques, voire par une formation d’animation classique type BAFA (brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur de centre de vacances et de loisirs). L’expérience sera donc moins tournée vers l’archéologie pure, mais elle offre la possibilité de s’initier assez tôt à ce type d’aventure collective.
Enfin, pour ceux qui rêvent d’un chantier de fouilles à l’étranger, en Égypte par exemple, les choses sont plus complexes. Les missions françaises, qui relèvent du ministère des Affaires étrangères, n’emploient sur place qu’un personnel autochtone, les cadres seuls étant français. Les places sont donc rares, et le niveau de recrutement, élevé (DEA minimum ou thèse en cours). Là encore, plusieurs associations, dont l’Union Rempart, proposent des chantiers patrimoniaux à l’étranger, essentiellement en Europe ou au Maghreb. Pour qui maîtrise bien les langues étrangères, il existe par ailleurs la possibilité de s’adresser directement à des universités étrangères qui organisent des chantiers.

Trouver un chantier de fouilles

- Consulter le programme de fouilles du Conseil national de la recherche archéologique (CNRA). - La liste complète des chantiers publics et leurs conditions d’inscription sont disponibles sur le site du ministère de la Culture : www.culture.gouv.fr/fouilles Recommandations préalables : À partir de 18 ans. Il est obligatoire d’avoir ses vaccinations à jour et de contracter une assurance. Les conditions matérielles sur place sont très variables et dépendent du directeur de fouilles. En général, les frais de restauration sont à la charge de l’organisateur. Associations - Union Rempart, 1, rue des Guillemites, 75004 Paris, tél. 01 42 71 96 55, www.rempart.com. L’Union Rempart fédère 170 associations intervenant sur le patrimoine bâti de toutes les époques, de la préhistoire à nos jours. Actions en France et à l’étranger. Chantiers ouverts à partir de 13 ans et 18 ans pour l’étranger. Participation aux frais de séjour. Transport à la charge du participant. - Club du Vieux Manoir, abbaye du Moncel, 60700 Pontpoint, www.clubduvieuxmanoir.asso.fr ; tél. 03 44 72 33 98. Chantiers de monuments historiques à partir de 13 ans. Uniquement en France. Transport et frais d’hébergement à la charge du participant. - Chantiers Histoire et Architecture médiévales (CHAM), 5/7, rue Guilleminot, 75014 Paris, tél. 01 43 35 15 51, www.cham.asso.fr Interventions sur le patrimoine médiéval à la demande des collectivités. À partir de 16 ans. Formations Monuments historiques. Actions outre-mer et à l’étranger. Transport et frais d’hébergement à la charge du participant. - Alpes de Lumière, BP 58, 2, avenue de l’Observatoire, 04301 Forcalquier CEDEX, tél. 04 92 75 22 01, http://alpes-de-lumiere.org Spécialisée dans la sauvegarde du patrimoine de Haute-Provence. À partir de 18 ans. Transport à la charge du participant. - Concordia, 1, rue de Metz, 75017 Paris, tél. 01 45 23 00 23, www.concordia-association.org - Jeunesse et reconstruction, 10, rue de Trévise, 75009 Paris, tél. 01 47 70 15 88, www.volontariat.org Chantiers internationaux de jeunes bénévoles dans les domaines de l’action sociale et du patrimoine. Chantiers à l’étranger. - Quelques revues spécialisées ainsi que la base « archeophile.com » publient également dès le printemps une liste de chantiers. Fouilles à l’étranger - Carnets de l’archéologie du ministère des Affaires étrangères : liste des missions archéologiques françaises : www.diplomatie.gouv.fr/fr/actions-france_830/archeologie_1058/les-carnets-archeologie_5064/index.html - Archaeology Abroad (Londres) : chantiers au Royaume-Uni : www.britarch.ac.uk/archabroad - Archaeological Institute of America (Boston), www.archaeological.org

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°261 du 8 juin 2007, avec le titre suivant : Les chantiers d’été en archéologie

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