École d'art

Imbroglio à l’école d’art de Bordeaux

Par David Robert (Correspondant à Rio de Janeiro) · lejournaldesarts.fr

Le 9 mai 2016 - 576 mots

BORDEAUX

BORDEAUX [09.05.16] - La nomination de la directrice de l’école d’art, en poste depuis deux ans, a été annulée par le tribunal administratif. Pourtant, l’adjoint au maire et président du conseil d’administration souhaite que Sonia Criton aille au bout de son mandat.

Après deux ans de conflit au sein de l’école supérieure d’art de Bordeaux (Ebabx), l’histoire semblait devoir prendre fin le 21 avril, lorsque le tribunal administratif de Bordeaux a annulé « la décision (…) par laquelle le président du conseil d’administration de l’EBABX a décidé de recruter madame Criton en qualité de directrice de l’école. »

Pourtant, Sonia Criton a été confirmée dans ses fonctions par Fabien Robert, adjoint du maire de Bordeaux à la culture et président de l’EPCC. La nouvelle procédure de recrutement ne sera lancée qu’à la rentrée. « La prise de fonction se fera pour le 1er avril 2017 (fin du mandat, ndlr) mais le nom de la personne retenue pourra être connu avant », a précisé Fabien Robert lors d’un conseil d’administration extraordinaire convoqué vendredi 6 mai. Le paradoxe est bien là : le contrat n’ayant pas été cassé par le juge, la nomination est annulée mais sans faute grave ou lourde, le président préfère aller au terme dudit contrat. En effet, un contentieux ferait durer l’affaire bien au-delà... Les plaignants (représentants d’enseignants et d’étudiants), auxquels le tribunal a donné raison, espéraient une autre issue : « l’école ne répond pas à notre demande de faire cesser les fonctions de la directrice, malgré la décision du tribunal. Nous allons convoquer une nouvelle assemblée générale en urgence », explique un des représentants enseignants.

Comment en est-on arrivé à cette situation paradoxale ? Lorsque Guadalupe Echevarria quitte l’école fin 2013, après 22 ans de direction, le président du conseil d’administration Dominique Ducassou lui emboîte le pas. Avant de partir, il nomme Sonia Criton, alors en poste à l’école supérieure d’art et de design du Nord-Pas de Calais (Valenciennes). Mais lors du CA du 17 décembre 2013, la candidature de Sonia Criton n’est alors retenue que par 9 voix sur 20 présents, quand les statuts récemment adoptés exigent une majorité des deux tiers. S’ensuit une bataille de deux ans, que le tribunal administratif de Bordeaux vient de trancher.

Mais Fabien Robert applique la décision de justice sans zèle : « Je réaffirme ici ma confiance en la direction de l’établissement. Sonia Criton, extérieure à cette procédure, n'est à aucun titre mise en cause personnellement dans cette décision ». De fait, la situation est plus complexe et la défiance au sein de l’école est perceptible. Si Sonia Criton reconnaît les vices de forme de la procédure (« j’en suis même victime, d’une certaine façon, puisque je suis arrivée dans un contexte difficile »), elle écarte néanmoins toute idée de démission : « je me suis beaucoup investi dans l’école. Malgré deux années compliquées, on a beaucoup avancé ». Serait-elle prête à soumettre son maintien à un vote référendaire au sein de l’école pour calmer les tensions ? « Oui, ce serait intéressant, pour voir si les plus bruyants sont les plus nombreux ». Envisage-t-elle de participer au processus de recrutement pour sa succession ? « J’ai un projet, qui avance et qui évolue. Je ne sais pas si je le ferai, mais je ne vois pas pourquoi je ne me pourrais pas me présenter. »

Prochaine étape : l’assemblée générale des personnels prévue mercredi, qui pourrait lancer une période pour le moins explosive.

Légende photo

Sonia Criton, directrice de l’école supérieure d’art de Bordeaux ( Ebabx) © Frédéric Deval / Mairie de Bordeaux

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