Profession

« Fundraiser »

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 26 mai 2009 - 771 mots

Ces professionnels de la collecte de fonds armés des techniques du marketing peinent à s’imposer dans le secteur culturel

Les résultats d’une enquête baptisée « Fundorama » menée conjointement par l’Association française (AFF) des fundraisers [collecteurs de fonds] et le Centre d’études et de recherche sur la philanthropie (CerPhi), résultats qui seront rendus publics le 10 juin, sont assez symptomatiques (1). Cette étude révèle en effet que moins de 5 % de ces professionnels de la collecte de fonds travaillent dans le secteur culturel, quand l’enseignement supérieur en emploie plus de 15 %. Ce métier neuf, importé des pays anglo-saxons il y a une dizaine d’années, semble donc avoir peu pénétré les institutions culturelles hexagonales, où l’on préfère continuer à parler de mécénat. Or le désengagement croissant de l’État en faveur de ce secteur laisse de moins en moins de place aux actions de mécénat pur au profit d’une simple recherche de fonds. La distorsion est donc réelle entre la professionnalisation accrue de ce métier tel qu’il est exercé dans les domaines de l’humanitaire ou de la recherche médicale et les pratiques en cours dans les musées ou institutions culturelles. « La crise actuelle affecte déjà de manière plus prononcée la culture, explique Aurélie Perreten, chargée de mission à l’AFF. Or il existe des marges de manœuvre importantes dans ce secteur où, par exemple, le don des particuliers est encore balbutiant. Car si, en matière de philanthropie, le secteur de la solidarité est passé devant la culture, il l’est avant tout en termes de nombre d’actions, non en termes de montants. Nous tâchons donc de créer des ponts avec le milieu culturel en faisant découvrir les techniques spécifiques du fundraising pour les adapter au monde culturel. »

Un métier attractif
Ces techniques directement inspirées du marketing sont en effet souvent très éloignées des habitudes professionnelles des milieux culturels. Mise en œuvre de moyens spécifiques de communication, techniques de prospection, création de fichiers, prospection par téléphone ou don en ligne sont ainsi des us et coutumes de ce « marketing du don » encore peu répandues dans les musées ou les établissements culturels. Et rares sont les musées à pratiquer des dîners de fundraising, très courants dans les pays anglo-saxons, soirées de prestige où des convives triés sur le volet sont réunis pour mettre la main au portefeuille. « Ce qui définit le métier de fundraiser est sa finalité, souligne, en exergue à cette étude, Yaële Aferiat, directrice de l’AFF. C’est-à-dire le développement des ressources privées, quels que soient l’outil ou la méthode utilisés. On est autant fundraiser en étant spécialisé sur la stratégie grands donateurs qu’en menant des campagnes de marketing direct ». Avec une difficulté par rapport au marketing classique, où la clientèle est bénéficiaire, alors que dans le premier cas elle donne sans recevoir en retour, tout en respectant l’éthique de l’organisme d’intérêt général… Y aurait-il là un véritable vivier d’emplois ? « Face au désengagement de l’État, à la concurrence de nouvelles fondations et autres universités en quête de donateurs et mécènes, les associations, fondations, institutions culturelles, universités et grandes écoles, établissements de santé, doivent redoubler d’inventivité pour accroître leurs ressources liées au financement privé. C’est pourquoi le secteur de l’intérêt général aura besoin, dans un avenir proche, de se renforcer à la fois sur des postes opérationnels pour étoffer les équipes et sur des postes de dirigeants, notamment dans des structures en plein développement telles que l’enseignement et la culture », concluent les auteurs du rapport. Le baromètre Fundorama révèle par ailleurs le caractère attractif des métiers du fundraising. Les professionnels y sont plutôt jeunes (71 % des répondants ont moins de 44 ans) et la représentation féminine y est forte (53 %). Le niveau d’études y est élevé (84 % possèdent au moins le niveau bac 4), une forte proportion étant issue d’un cursus en commerce et gestion. Le travail s’effectue fréquemment dans des organismes d’intérêt général, plus rarement en agence. Des équipes de petite taille gèrent souvent des budgets importants, d’où une responsabilisation notable. La mobilité est forte, même si seulement 5 % des professionnels interrogés envisagent de changer de secteur. Seul bémol, la relative faiblesse des salaires, à responsabilités équivalentes, eu égard au secteur marchand. En ce qui concerne le secteur culturel, il s’agit là aussi d’une tradition bien ancrée.

(1) « Fundorama. Baromètre des métiers du fundraising », 1re édition, juin 2009. Étude établie sur la base d’un questionnaire adressé en juin et juillet 2008 à 700 professionnels du réseau de l’AFF, et complété par des entretiens individuels d’acteurs du secteur et hors secteur. Prochainement en ligne sur le site de l’AFF, www.fundraisers.fr

Formation

L’Association française des fundraisers (AFF) délivre un certificat français de fundraising. Formation continue de 10 jours répartis sur cinq mois, organisée avec l’Essec.

8e séminaire francophone de la collecte de fonds, les 9, 10 et 11 juin à Paris.

Renseignements : www.fundraisers.fr

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°304 du 29 mai 2009, avec le titre suivant : « Fundraiser »

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