Deux mois avant que les lycéens formulent leurs vœux sur Parcoursup, L’ŒIL fait le point sur les différentes formations en art proposées après le bac.
Si aucun diplôme ne peut valider le fait d’être artiste, une formation spécialisée accompagne un étudiant dans son désir de créer, en lui donnant les moyens d’expérimenter et de développer son univers personnel. Entre les écoles d’art publiques, les établissements privés et les études à l’université, l’offre de formations artistiques s’avère foisonnante. Longtemps, on a distingué les Beaux-Arts, la création libre dans son essence, des arts appliqués à un secteur spécifique (la mode, l’industrie, la scène…). Dans les faits, et même si cette distinction perdure encore, les frontières de la création sont de plus en plus poreuses. Par exemple, les 45 écoles dépendant du ministère de la Culture proposent des formations en art et design, avec des passerelles possibles entre ces deux secteurs.
Dans ces écoles supérieures d’art et design, les études se déroulent généralement en cinq ans : un premier cycle de trois ans conduit au Diplôme national d’art (DNA, grade de licence) que l’on peut compléter avec le Diplôme national supérieur d’expression plastique (DNSEP, grade de master). Passé la première année généraliste, on peut choisir parmi trois grandes options : art, design ou communication. L’enseignement est à la fois théorique, une trentaine d’heures de cours par semaine, et très orienté sur la pratique et le projet de l’étudiant. « La richesse et la particularité de l’école, c’est la possibilité d’expérimenter un large panel de médias, des plus classiques comme le dessin, la peinture, la sculpture, aux médias numériques, installations, vidéos, en passant par la céramique ou les performances vocales », relève un enseignant de l’École supérieure d’art et design de Saint-Étienne (ESADSE). « Les études sont à la fois encadrées mais nécessitent une certaine autonomie, car on attend des élèves qu’ils expérimentent et prennent des initiatives », poursuit-il. « À la sortie de l’école, la pluriactivité est souvent nécessaire pour s’assurer d’un revenu décent », constate Estelle Moy, chargée de l’insertion professionnelle à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris (ENSBA). Les diplômés cumulent souvent leur pratique créative avec une autre profession (graphiste, designer, directeur artistique…). Ils peuvent aussi travailler au sein de musées et d’institutions culturelles en communication ou médiation artistique. L’enseignement artistique constitue un autre débouché possible (professeur d’arts plastiques en collège et lycée, enseignant dans les ateliers d’art municipaux…). Pour préparer la sortie, les écoles proposent des modules et des rencontres professionnels (Via Futura à l’ENSBA, conférences Promesses à l’ENSAD…) et la possibilité d’effectuer un stage en quatrième année. Depuis 2023, l’ap-prentissage a fait son entrée dans les écoles, avec des masters en alternance proposés notamment dans les écoles supérieures d’art de Nantes, Saint-Nazaire et Saint-Étienne.
Les arts sont dits appliqués quand ils répondent à une commande ou à un secteur spécifique : production d’objets industriels, communication, scénographie, décoration intérieure… Aujourd’hui, on utilise plus fréquemment le terme de design qui se décline en design d’objet ou produit manufacturé ou industriel, design d’espace (architecture intérieure, scénographie), design graphique, web design, etc. Si les écoles spécialisées proposent généralement des formations en cinq ans, on trouve aussi des formations courtes tels que le Diplôme national des métiers d’art et du design (DNMADE) en trois ans. « Très complètes, ces études font intervenir autant la tête que les mains », résume un responsable d’école. « Elles nécessitent de savoir analyser une problématique et d’y répondre en tenant compte des contraintes d’usages, techniques et budgétaires. » Tous les profils de bac ont leurs chances : les établissements recherchent surtout des jeunes ouverts d’esprit, qui aiment communiquer et travailler en équipe, car il faut être capable de dialoguer avec le commanditaire, le futur usager, les fournisseurs, les sous-traitants… Les études comportent un socle de cours théoriques (histoire du design, français, langues étrangères…), d’apprentissages de techniques, de travaux et projets pratiques. Si le dessin reste incontournable, envisagé comme « un outil pour exprimer une idée de façon simple et rapide », les logiciels d’intelligence artificielle sont désormais aussi abordés comme un appui à la création.
La pédagogie par projets – un groupe d’étudiants prépare une proposition en réponse à une demande d’entreprise – est bien adaptée à ces cursus car elle permet de se confronter au respect d’un cahier des charges et de délais. À l’automne 2024, l’École nationale supérieure de création industrielle (ENSCI) a, par exemple, passé un partenariat avec la start-up Roofscapes, spécialisée dans la transformation des toitures urbaines, pour repenser l’usage et l’impact environnemental du toit de l’école. Accompagnés par des enseignants et des professionnels de l’entreprise, quatre élèves planchent depuis, et pour quatre mois, afin d’élaborer des solutions innovantes. Dans un autre domaine, de futurs designers vont travailler avec des experts de la manufacture d’horlogerie suisse Dominique Renaud, autour de nouvelles réflexions sur la lecture du temps. En 2022, l’ENSAD a créé un incubateur, la Couveuse de projets, pour les diplômés désirant créer leur entreprise. « Beaucoup d’entre eux doivent adopter une figure d’entrepreneur pour maîtriser la facturation, la gestion des commandes ou le marketing », relève Juliette Courtillier, responsable du suivi des jeunes diplômés. « C’est un aspect dont ils n’ont pas vraiment conscience durant leurs études et qu’ils découvrent quand leur activité commence à décoller. » Outre la diversité des métiers de conception (architecte d’intérieur, designer industriel ou produit, scénographe…), les statuts à l’issue d’une école d’art appliqué ou design sont également variés (salarié, indépendant, artiste auteur…). Quant aux revenus, la fourchette est également large : de moins de 600 € à 3 500 € brut par mois pour les diplômés des Arts décoratifs (trois ans après la sortie du diplôme).
Les métiers d’art regroupent près de 300 professions dans 8 secteurs : mode et beauté, ameublement et décoration, culture et communication, équipements industriels, architecture et patrimoine bâti, arts de la table, loisirs, gastronomie. « Ce sont des professions marquées par l’importance du rapport au geste et à la matière », explique-t-on à l’Institut national des métiers d’art (INMA, Paris).La plupart des filières sont accessibles avant le bac : CAP (deux ans), Brevet des métiers d’art et Brevet technique des métiers (deux ans), bac pro (trois ans). Après le bac, le Diplôme national des métiers d’art et du design (DNMADE) offre une orientation relativement conceptuelle en trois ans. Il peut être suivi d’un master, d’un DSAA (Diplôme supérieur d’arts appliqués), d’un DNSEP (Diplôme national supérieur d’expression plastique) en deux ans. À l’issue d’une formation, commence véritablement l’acquisition pratique du métier, qui peut prendre des années. L’apprentissage, le compagnonnage, les formations internes en entreprise constituent autant de voies pour se perfectionner et faciliter son insertion.
Dès le mois de janvier, les établissements ouvrent leurs portes aux futurs étudiants. Les dates sont communiquées directement par les écoles sur leur site (et sur notre guide en ligne, www.journaldesarts.fr/campus). Certaines écoles proposent des visites virtuelles en format vidéo ou d’exploration à 360°. La liste est à consulter sur le site de l’Association nationale des écoles supérieures d’art, Andéa (www.andea.fr, rubrique événements). Le site national Design et métiers d’art (www.designetmetiersdart.fr) recense également pour chaque académie, les dates des Journées portes ouvertes des formations aux métiers d’art.
Cursus de licence : 175 €
Cursus de master : 250 €
Écoles d’art publiques : de 500 à 1 000 € l’année
Écoles d’art privées : de 6 000 à plus de 10 000 € l’année
*Frais d’inscription et/ou de scolarité pour 2024-2025
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Études d’art, quel cursus choisir après le bac ?
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°782 du 1 janvier 2025, avec le titre suivant : Études d’art, quel cursus choisir après le bac ?