Profession

Attaché de presse

Le Journal des Arts

Le 20 février 2004 - 1185 mots

L’attaché de presse doit conjuguer pouvoir de persuasion et sens de l’organisation pour promouvoir son « produit » auprès des journalistes.

Comble de l’ironie, les attachés de presse ont souvent mauvaise presse. Fréquemment considérés comme des mondains allant de petits-fours en coupe de champagne et de cocktails en inaugurations, ces professionnels de la communication et des relations presse passent en réalité la majeure partie de leur temps derrière leur bureau, le téléphone greffé à l’oreille et les mains rivées au clavier. Peu de paillettes pour beaucoup de travail donc, dans un métier requérant un fort investissement personnel, une large palette de compétences et un bon niveau d’études. D’après une enquête réalisée par l’association Information presse et communication, 70 % d’entre eux ont le niveau bac 3 ou 4. Et il n’est pas rare de rencontrer des titulaires d’un DESS en communication (lire l’encadré).
« Il faut à la fois avoir une bonne présentation et élocution, être cultivé, organisé, patient, disponible, convaincant, intuitif, dynamique et résistant au stress, résume Catherine Dantan, directrice d’une agence spécialisée dans les événements culturels. Et surtout savoir rester à l’écoute de ses clients et des journalistes, afin de répondre le mieux possible aux attentes et besoins des uns et des autres. »
Le premier devoir de l’attaché de presse consiste en effet à sonder la société ou institution qu’il représente sur le « produit » (exposition, vente aux enchères, sortie d’un livre…) à promouvoir. À ce travail de dialogue et d’accompagnement succède la phase de collecte des informations – « notre fonction suppose une connaissance approfondie du dossier » – puis de rédaction des outils de communication (communiqué, dossier…). Pouvant aller de l’écriture proprement dite à une simple remise en forme, cette dernière tâche varie selon les structures et les projets. « Nous sommes des passeurs, des intermédiaires entre le savoir des conservateurs, auquel il ne faut jamais se substituer, et les besoins des journalistes, explique Amélie Hardivillier, attachée de presse au Musée d’Orsay depuis 1999. Chez nous, les communiqués de presse sont rédigés par les commissaires d’exposition, puis au besoin remaniés par notre service. » Même constatation chez Gallimard, où les textes sont confiés au service éditorial, voire à l’auteur de l’ouvrage. Dans d’autres maisons, la réalisation des outils rédactionnels est du ressort des attachés. Ces derniers sont alors tenus de produire des communiqués synthétiques et précis, rédigés dans un style clair et attrayant. Et surtout mentionnant toutes les informations nécessaires aux journalistes. Ces textes courts font, avant même l’achèvement du « dossier de presse », l’objet d’un premier envoi aux médias. Commence alors l’une des étapes les plus délicates et parfois ingrates du métier : la relance téléphonique. Pouvoir de persuasion, enthousiasme et capacité d’adaptation sont des atouts indispensables. « L’art de la relance consiste à proposer sans imposer, à déterminer jusqu’où l’on peut aller sans agacer », souligne l’attachée d’une fondation culturelle. Trop d’insistance peut en effet produire l’effet inverse de celui désiré… Mais celle-ci s’explique parfois par la pratique, observée chez certains prestataires de presse et récemment dénoncée par le Syndicat national des attachés de presse (Synap), de rémunération des attachés aux résultats (facturation en fonction du nombre et du type des articles publiés ou de la nature du média)...
« Cibler les journalistes et connaître leurs centres d’intérêts permet également de mieux répondre à leurs besoins », poursuit la jeune femme. Aussi est-il essentiel d’éplucher la presse, de repérer qui signe les papiers et comment ils sont faits. Sans oublier la constitution et la mise à jour d’un fichier presse, principal outil du chargé de communication. La gestion de ce fichier constitue parfois un pan important du travail, tel à Orsay, où il faut assimiler et réactualiser (de manière quasi quotidienne) quelque 2 500 noms.
Polyvalence et souplesse sont ainsi de rigueur dans un métier où la multiplicité des tâches est la règle. Il n’est pas rare en effet que, au-delà de la relance ou du travail rédactionnel, l’attaché assure le standard, le secrétariat, la négociation des droits de reproduction photographiques ou la mise en page des dossiers de presse. Il doit également être capable d’organiser une conférence, une réception ou un voyage de presse et de mettre en relation différents interlocuteurs. « Tous les conservateurs se prêtent désormais au jeu de la promotion. Depuis une dizaine d’années, la prise en compte de la communication est beaucoup plus importante dans les musées », observe Amélie Hardivillier. En revanche, la reconnaissance en termes de statut ne suit pas toujours. Dans le secteur public, les attachés de presse sont en effet souvent employés comme vacataires, au mieux comme contractuels, leur profession étant absente de la grille des métiers reconnus par la fonction publique. Précarité, revenus modestes et lenteur de l’avancement sont ainsi parfois le lot de ces hérauts de la communication...
La rémunération est habituellement plus alléchante auprès des agences privées, à condition de ne pas compter ses heures et… de décrocher suffisamment de contrats. À cet égard, il est impératif de s’être préalablement constitué un réseau, le bouche à oreille faisant généralement office de publicité. « La qualité des prestations fournies fait ensuite la différence, et permet de fidéliser certains clients », souligne Sarah Heymann qui, avec Agnès Renoult, a créé son agence de communication il y a une quinzaine d’années. Soumises à une pression constante – de la part des clients, qui exigent des résultats, come de la part de la concurrence – les structures indépendantes (comme celles fondées par Claudine Colin, Véronique Janneau, Catherine Philippot ou Catherine Dufayet) sont ainsi soumises aux aléas de la demande et au caractère incertain des appels d’offres. Mais, de l’avis rassurant de l’une d’entre elles, « il y a du travail pour tout le monde ».

Les formations et adresses utiles

Les écoles spécialisées : - L’Institut français de presse (IFP), Panthéon-Assas (Paris-II), tél. 01 44 41 57 93, www.u-paris2.fr/ifp - Le Celsa, école des hautes études en sciences de l’information et de la communication, Paris-IV, tél. 01 46 43 76 76, www.celsa.fr - L’École française des attachés de presse (ÉFAP), tél. 01 53 76 88 00, www.efap.com. - L’Institut supérieur de communication et de publicité (Iscom), tél. 01 55 07 07 77, www.iscom.fr. 4. Les troisièmes cycles : - DESS « Information-communication des entreprises et organisations », Nancy-II, UFR de lettres, tél. 03 83 96 71 11. - DESS « Édition et communication, recherche et traitement d’informations », Cergy-Pontoise, tél. 01 34 25 64 34. - DESS « Communication et multimédia», IFP (voir ci-dessus). - DESS « Multimédia, sciences et techniques des médiations de la culture et des savoirs », Paris-I, tél. 01 41 13 24 96. - Troisième cycle professionnel « Métiers de la culture et de l’événement, Institut d’études supérieures des arts (IESA), tél. 01 42 86 57 01. Pour en savoir plus : - Syndicat national des attachés de presse professionnels et des conseillers en relations publiques (SYNAP), tél. 01 47 43 00 44, www.synap.org - Information Presse et Communication, association des professionnels des relations presse, tél. 01 42 65 08 03. À lire : Christine Aubrée, Les Métiers de la communication, Paris, éditions L’Étudiant, 2003.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°187 du 20 février 2004, avec le titre suivant : Attaché de presse

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