Profession

Attaché de conservation

Le Journal des Arts

Le 9 janvier 2004 - 904 mots

Métier récent, l’attaché de conservation est un généraliste du patrimoine pouvant assumer des fonctions très diverses dans les institutions culturelles des collectivités territoriales.

Sans équivalent dans la fonction publique d’État, le cadre d’emploi d’attaché de conservation du patrimoine est apparu en 1991, lors de la création d’une filière culturelle (métiers des bibliothèques, de l’archéologie, des archives, de l’inventaire, des musées et du patrimoine scientifique et technique) dans la fonction publique territoriale (FPT). Recrutés sur concours territorial (1), ces fonctionnaires de catégorie A « participent à la constitution, l’organisation, la conservation, l’enrichissement, l’évaluation et l’exploitation du patrimoine d’une collectivité territoriale ou d’un établissement public » (décret n° 91-843 du 2 septembre 1991). Une définition qui pourrait tout aussi bien s’appliquer au métier de conservateur du patrimoine, et qui reste assez vague quant aux réelles missions de ces professionnels. Pouvant exercer leurs compétences au sein de différents services de la filière culturelle (archives, musées, services d’inventaire et d’archéologie…), les attachés assurent en effet des fonctions très diverses. D’après une enquête réalisée en 2003 par l’Association des bibliothécaires et attachés de conservation des collectivités territoriales (ABACC) sur un échantillon d’une centaine de personnes, 24 % d’entre eux sont chefs d’établissement – ils sont alors de fait conservateurs de musée –, 22 % sont adjoints à un conservateur, qu’ils assistent dans ses missions scientifiques ou administratives, et 45 % sont responsables d’un secteur spécifique au sein d’une institution (comme la régie des œuvres ou la médiation culturelle dans un musée).
Un cadre d’emploi « fourre-tout » dénoncé par certains professionnels, qui déplorent par exemple le fait d’avoir la casquette de conservateur sans en avoir le titre ou la rémunération. « Notre avenir semble relativement brumeux et notre position vis-à-vis d’autres professionnels de musées assez peu claire ! Nous ne sommes pas des conservateurs, encore moins des documentalistes ou des animateurs du patrimoine… Et pourtant, nos missions, telles qu’elles ont été définies par les textes, et telles que nous les remplissons effectivement, nous permettent d’occuper des fonctions qui ressemblent à s’y méprendre aux vôtres ! », affirmait récemment à l’attention des conservateurs Laurence Chesneau-Dupin, chef d’établissement du Musée archéologique du château de Flers, dans Musées et Collections publiques de France (2). « Notre métier a-t-il été créé pour permettre aux collectivités locales de faire des économies ? », s’interroge pour sa part Richard Dagorne, responsable du Musée Girodet à Montargis (Loiret) et président de l’ABACC. Créée en 1996, son association milite pour une évolution du statut et des perspectives professionnelles plus que limitées des attachés. « Il n’existe de passerelle ni entre les différents métiers de la conservation au sein de la filière culturelle territoriale, ni entre la FPT et la fonction publique d’État ou de la Ville de Paris », regrette le chef d’établissement, qui propose l’ouverture d’un plus grand nombre de postes au concours interne de l’Institut national du patrimoine et la mise en place d’un système de promotion interne vers le poste de conservateur.
Le concours d’attaché n’en représente pas moins « pour beaucoup de diplômés en histoire de l’art, lettres, histoire, archéologie, sciences ou ethnologie, une véritable opportunité de débouchés dans le domaine des musées ou du patrimoine », estime Richard Dagorne. Comparés aux quelques places offertes par l’Institut national du patrimoine, les postes proposés par le CNFPT semblent légion ! En 2003, on en comptait 133 au concours externe (toutes spécialités confondues), et 61 en interne. Le nombre d’attachés en poste depuis 1994, date de la tenue du premier concours, s’élève actuellement à 752 (hors lauréats 2003).
Ouvert dans cinq spécialités (archéologie, archives, inventaire, musées, patrimoine scientifique, technique et naturel), ce concours comporte des épreuves écrites d’admissibilité (certaines communes à tous les candidats, d’autres propres à chaque spécialité) et des épreuves d’admission orales (conversation avec le jury, langue vivante et interrogation dans l’une des options suivantes : Conservation, Médiation culturelle, Histoire des institutions de la France…). « C’est un concours de généraliste plus que de spécialiste, qui fait appel à une culture générale dans tous les domaines du patrimoine », observe Richard Dagorne. La licence demandée aux candidats se révèle donc souvent une préparation insuffisante. Toujours d’après l’enquête de l’ABACC, un tiers des lauréats ont bac 4, et la moitié bac 5. Pour beaucoup, ils possèdent en outre déjà une expérience professionnelle dans une institution patrimoniale. « La capacité à mettre en œuvre un projet constitue un critère de sélection important », souligne le président de l’association. Des informations précieuses dans la perspective du prochain concours, programmé pour la fin de l’année 2005.

(1) À l’issue du concours, les lauréats sont inscrits sur une liste d’aptitude (valable deux ans) leur permettant de postuler aux emplois offerts par les collectivités territoriales. Ils doivent trouver eux-mêmes leur poste, soit en répondant aux petites annonces parues dans la presse, soit en contactant les Centres de gestion de la FPT dans les départements.
(2) « Attaché de conservation du patrimoine : nouveaux acteurs pour quelles missions ? », in « Conservateur du patrimoine : un métier pour le 3e millénaire ? », Musées et Collections publiques de France, n° 221/222, 1998-1999.

Pour en savoir plus

- Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT), 10-12 rue d’Anjou, 75008 Paris, tél. 01 55 27 44 00, www.cnfpt.fr - Association des bibliothécaires et attachés de conservation des collectivités territoriales (ABACC), BP 80131, 45201 Montargis cedex, abacc@free.fr - « La Gazette des Communes » (hebdomadaire), tél. 01 40 13 51 06, www.lagazettedescommunes.com

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°184 du 9 janvier 2004, avec le titre suivant : Attaché de conservation

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