Profession

Administrateur des monuments historiques

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 13 février 2008 - 785 mots

Conserver, valoriser et animer les monuments nationaux :
telle est la mission de ces professionnels.

« Pour caricaturer, nous sommes comme des petits chefs d’entreprise qui doivent gérer un domaine et une équipe », explique Jean-Louis Charpentier, administrateur du château de Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne), pour résumer la pluralité des tâches qui lui incombent. Dans son cas : un domaine de 85 hectares, un château du XVIIIe siècle et une trentaine de salariés.
Employé par le Centre des monuments nationaux (CMN), l’administrateur des monuments historiques assure la mise en valeur, la conservation, l’animation et la promotion de l’un des monuments nationaux parmi la centaine qui sont ouverts au public et gérés par le CMN. Une fonction qui requiert des compétences à la fois en matière culturelle, mais aussi en termes de gestion financière et d’encadrement du personnel. L’administrateur doit également connaître les travaux d’aménagement mobilier et immobilier d’accueil et de confort, et les conditions de sécurité indispensables à une ouverture au public.
Pour exercer ce métier mixte, dans des conditions souvent très différentes (château, maison d’écrivain, site archéologique, place forte...), les parcours atypiques sont les bienvenus. Jean-Louis Charpentier a ainsi débuté sa vie professionnelle en qualité d’architecte libéral, avant d’intégrer la fonction publique en tant qu’architecte des Bâtiments de France puis de devenir conservateur régional des monuments historiques. « De fil en aiguille, j’ai complété mon parcours par un poste d’administrateur, relate-t-il. Mais l’expérience que j’avais acquise en tant que conseiller pour l’architecture au ministère de la Culture m’a été très utile en matière de montage de projets culturels. » Car les compétences sur le seul sujet patrimoine ne suffisent pas. « Il faut certes ouvrir le monument, y accueillir le public dans un lieu confortable et en bon état, mais aussi valoriser le lieu et le faire connaître en proposant une programmation », poursuit Jean-Louis Charpentier. Le tout en tentant de rendre le monument le moins déficitaire possible, équation souvent difficile à résoudre. Ainsi, à Champs-sur-Marne, seul le parc est ouvert à la visite depuis l’effondrement d’un plafond dans l’une des pièces du château en 2006. Mais son accès reste libre alors que son entretien occupe une armada de jardiniers. « C’est notre mission de service public », précise son administrateur.

Parcours artistiques
Si les rangs de la profession ont longtemps été trustés par des conservateurs du patrimoine, les profils se sont récemment diversifiés. Les administrateurs n’appartiennent pas à un corps de métier et peuvent donc être recrutés hors de la fonction publique, en tant que contractuels du CMN choisis et désignés par le président de l’établissement public administratif. C’est le cas de Georges Buisson, administrateur de la Maison de George-Sand à Nohant (Indre) et du palais Jacques-Cœur à Bourges (Cher). Ce dernier a été contacté par le CMN il y a sept ans, après quinze ans passés à travailler dans le théâtre public, notamment à la direction de scènes nationales parisiennes. L’établissement public souhaitait donner une nouvelle impulsion à ses monuments en renforçant leur rôle dans le domaine artistique (arts plastiques mais aussi arts vivants). Tenté par l’expérience, Georges Buisson accepte alors de gérer les deux monuments de la région Centre, « car ils ont un rapport au territoire et une relation avec la population », explique-t-il. Son projet de monument pour la Maison de George-Sand a ainsi abouti au bout de cinq ans. « Nous avons pu ouvrir une très belle librairie sandienne, mais aussi développer de nombreux projets liés à la littérature – rencontres, salons, lectures –, lesquels n’existaient pas dans ce lieu auparavant. » Au palais Jacques-Cœur, où Georges Buisson supervise par ailleurs la restauration des façades sur cour, ce sont des parcours artistiques et un programme autour de la question de la mémoire qui ont été proposés au public. « Avec une grande liberté », reconnaît l’administrateur. « Les monuments sont des lieux très différents des théâtres. Ce ne sont pas des lieux neutres. Il s’y crée une relation affective avec les gens. » Outre leur rôle touristique traditionnel, les monuments peuvent devenir des pôles artistiques singuliers par rapport aux autres établissements culturels. « Je crois qu’il faudrait davantage réfléchir au rôle que peut jouer le patrimoine dans la vie culturelle du pays, souligne Georges Buisson. Par leur légitimité, les monuments ont un potentiel de rencontre très fort et peuvent servir d’écrin à des tentatives artistiques nouvelles. » Nul n’en doute plus : l’administrateur des monuments historiques ne se contente plus d’être un simple gestionnaire de vieilles pierres...

Formation

Aucune formation spécifique n’existe. Les administrateurs sont recrutés soit parmi les conservateurs du patrimoine, soit parmi les fonctionnaires justifiant d’une expérience professionnelle dans un emploi de catégorie A, soit, enfin, par voie contractuelle après avoir exercé une fonction à responsabilité dans le milieu culturel.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°275 du 15 février 2008, avec le titre suivant : Administrateur des monuments historiques

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