Versailles : Classicisme

Catherine Pégard a voulu montrer qu’elle tient la barre

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 31 janvier 2012 - 498 mots

VERSAILLES - Personne n’aura manqué de le remarquer : au château de Versailles, le style de la présidence a bien changé. C’est donc dans une salle en travaux, « dans les plâtres plutôt que dans les ors », qu’a eu lieu, le 26 janvier, la première conférence de presse officielle de la nouvelle patronne des lieux.

Nommée le 2 octobre 2011, « parce qu’on me l’a proposé » reconnaît-elle volontiers, Catherine Pégard a ici joué délibérément du clin d’œil à son ancien métier – qui lui reste cher –, le journalisme politique : « cela me rappelle les coulisses que j’ai beaucoup fréquentées », a t-elle précisé. Pour celle qui a aussi été une très discrète conseillère de Nicolas Sarkozy à l’Élysée, l’heure est pourtant venue de se mettre dans la lumière. Si après des débuts hésitants, Catherine Pégard semble aujourd’hui entrée dans la fonction, la nouvelle présidente n’entend pas pour autant engager une révolution. Le voudrait-elle, les choses seraient impossibles. L’avenir du domaine est en effet dicté par un schéma directeur rigoureux.

Des initiatives constructives
Entourée d’une équipe qu’elle n’a pas souhaité renouveler, conseiller compris, Catherine Pégard a donc d’abord cherché à s’inscrire dans le sillage de son prédécesseur, l’ancien ministre Jean-Jacques Aillagon, « un grand président ». Pour autant, les pas de côté sont nombreux. Ainsi cette volonté appuyée de donner une priorité à l’éducation, une convention étant en passe d’être signée avec les ministères de l’Éducation nationale et de la Culture, quand son prédécesseur surjouait le rayonnement et la communication. Dans une veine décidément plus classique, la maison renouera également avec de grandes institutions publiques, tel l’Opéra national ou la Comédie française. Elle tissera aussi des liens avec la Maison de l’Histoire de France, projet pour lequel Jean-Jacques Aillagon avait toujours affiché un mépris souverain. Dans un même esprit, Catherine Pégard n’a pas manqué de faire une mise au point sur le sujet de l’art contemporain. « Il a fait venir ou revenir du public à Versailles. Mais nous sommes arrivés à la fin d’un cycle, sa présence s’y banalise comme dans tous les musées » a t-elle noté. Si le projet avec Joana Vasconcelos, initié par son prédécesseur, sera bien poursuivi, la suite se fera dans « un rapport plus constructif avec le patrimoine ». Dans le cadre de l’année « Le Nôtre », en 2013, le tenant de l’Arte povera Giuseppe Penone aura ainsi les honneurs du château. Un choix qui tranche radicalement avec les artistes clinquants de l’écurie Pinault conviés jadis par Jean-Jacques Aillagon. Interpellée sur différents sujets d’actualité, la présidente a par ailleurs affirmé qu’elle resterait vigilante face au nouveau projet de PLU de la ville qui menace l’intégrité du domaine – sujet auquel elle était encore étrangère il y a peu de temps (lire le JdA n° 359, 16 décembre 2011). À ceux qui s’inquiétaient donc de sa capacité à mener le vaisseau Versailles, Catherine Pégard a souhaité montrer qu’il y avait bien un pilote à la barre. Sobrement et efficacement.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°362 du 3 février 2012, avec le titre suivant : Versailles : Classicisme

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