Un nouveau dynamisme chez les marchands

Le Journal des Arts

Le 16 janvier 1998 - 1115 mots

En Belgique, Bruxelles conserve la première place nationale pour le commerce des antiquités, et le quartier du Sablon, pivot du négoce, est de nouveau recherché par les professionnels. Mais Anvers, Gand et Liège font également preuve de dynamisme.

Le Sablon, l’un des rares quartiers de Bruxelles à conserver son visage d’antan, reprend nettement du poil de la bête. Dès le début de la crise, en 1991, ce périmètre de luxe où seuls d’excellents restaurants côtoyaient les négoces d’art, a perdu près du quart de ses marchands d’antiquités, avant tout au profit des magasins de vêtements. Depuis 1997, la tendance s’est arrêtée. Une dizaine d’antiquaires ont ouvert dans ce périmètre et les rares fermetures, comme celles de Berkovitch ou de Gendebien, ont chaque fois été compensées. Parmi les nouveaux venus, il faut compter avec Bernard de Hemricourt de Grunne, décidé à se spécialiser dans les arts premiers des continents africain, océanien et américain. Cet ancien responsable du département “American Indian arts” chez Sotheby’s, à New York, a ouvert rue de la Paille – avec discrétion et beaucoup de goût – son magasin en étage : “Le Sablon est l’endroit idéal dans le cadre de mon activité. Les meilleurs marchands européens sont ici, et le TGV met Bruxelles à 1h20 de Paris, où débarquent de nombreux clients américains. Londres est à 2h20”. Philippe Dufrasne, ancien participant de la foire de Maastricht, est le défenseur local du mobilier liégeois et des bronzes de Vienne. Il a quitté la zone chic d’Uccle, trop éloignée du centre ville, pour s’installer en octobre à l’entrée de la rue des Minimes. Sa belle boutique est située juste à côté de Jan De Maere, seul marchand d’ampleur internationale sur la place de tableaux et dessins flamands, hollandais et français des XVIIe et XVIIIe siècles. Toute nouvelle, la Galerie Saint-Michel, animée par Alain Contardo, responsable de Arte, société d’inves­tis­sement en œuvres d’art, a ouvert fin novembre sur la rue Allard. On y trouve du mobilier et des objets d’art français XVIIIe siècle. Cette voie obligée pour atteindre le cœur du Sablon est très courtisée. Outre Éric La Pipe, amateur de beaux tableaux XVIIIe et XIXe siècles, on a vu s’y installer l’année dernière Patrick Van der Stichelen-Rogier. C’est un marchand de meubles dont les immenses dépôts sont visibles sur la chaussée de Malines, à Anvers. Très dynamique, il est l’instigateur d’un site sur l’Internet (http//:www.antiques-world.com). En ce début janvier s’ouvre par ailleurs une boutique de spécialité similaire à celle de Contardo, en face de l’église du Sablon. Jacques de Caters, grand connaisseur des meubles Biedermeier, partage avec Yves Macau, quatrième représentant de l’Art déco au Sablon après Philippe Denys, Cento Anni et Alain Chuderland – responsable de la galerie Futur antérieur qui va complètement réaménager son magasin au centre de la place cet hiver –, un très bel espace de deux niveaux sur la rue Watteuw. Le partage de galerie, comme les associations, entraîne de moindres coûts. Cela a donné des idées à Margareth de Sélys-Longchamps, installée depuis début décembre chez Jadis et Naguère, dans la même rue Watteuw,  pour exposer ses tableaux de fleurs du XIXe siècle et autres objets décoratifs. Les objets de charme se renforcent encore avec l’ouverture rue des Minimes, il y a un mois, des boutiques Carpe Diem, L’Authentique et Percy’s Antiques. Sans oublier le jeune Nicolas de Ghellinck, qui a entamé sa carrière de marchand il y a trois mois en ouvrant dans le quartier de l’avenue Louise, rue Berck­mans, un beau magasin de meubles français Louis XV et Louis XVI. On le voit, Bruxelles revit. Mais elle n’est pas seule.

Par ailleurs, le boulevard de Waterloo, fief des boutiques de vêtements de luxe et des antiquaires réputés, change lui aussi de physionomie. L’événement principal cette année réside dans la fermeture définitive de la maison Laloux-Dessain. Ces anciens associés de Jean-Marie Rossi et d’Aveline, rue du Cirque à Paris, ont vendu leur magnifique maison de maître aux Vastapane, entrepreneurs de renom. Boy Dessain réside désormais à Gand, alors que Vincent Laloux aménage sa demeure privée avenue Molière, à Bruxelles. Cet arrêt a poussé Yannick David à descendre avec ses objets de curiosité rue Watteuw, au Sablon,  dès l’an dernier. Véronique Bamps, négociante en bijoux anciens (elle participe aux foires de Bruxelles, Maastricht, Bâle et à la  Biennale de Paris), est venue s’implanter au-dessus du maroquinier Delvaux, trois maisons plus bas sur le même boulevard de Waterloo. Pour l’heure, Véronique Bamps partage son niveau avec Francis Janssens Van der Maelen. Celui-ci est l’une des quatre grandes figures de l’argenterie belge ancienne, en compagnie de Vandervelden, d’Arschot et De Leye. Il n’y a que Gisèle Croës qui ne change point. À l’abri derrière ses murs de l’illustre boulevard, elle poursuit avec énergie et obstination son commerce d’objets d’art chinois. Enfin, Philippe-John Faranik vient d’ouvrir sa boutique  rue du Pépin, en haut du boulevard de Waterloo. Là, comme son père le fait Porte de Namur, il vend des meubles et des objets chinois anciens.

En Province
À Liège, Éric Goffin vient d’ouvrir dans le centre ville, rue Saint-Adalbert, une petite galerie où prennent place des meubles liégeois du XVIIIe siècle. Il expose actuellement une superbe vitrine deux corps en chêne sculpté. Dans la zone des musées, au nord de la “Cité ardente”, l’association de marchands de Lange et Taziaux prospère dans l’ancien monastère des Ursulines. Ils sont installés dans des bâtiments restaurés grâce aux pouvoirs publics, non loin de l’ancien quartier de l’église Saint-Barthélemy où se trouve la majorité des marchands liégeois (La Mésangère, Gavage, Boze, Fau­bourg-Saint-Gilles, Balteau, Mullen­dorf). Ces antiquaires et restaurateurs de meubles vendent des fournitures Empire et Restauration.

À Anvers, Bob Claes, installé principalement dans le Carré Rive gauche à Paris, a consenti des efforts considérables pour réaménager son hôtel particulier des Rosiers. Comme à Paris, il expose des meubles et des objets d’art Empire. Claes n’est pas le seul à évoluer en fonction de l’amélioration du marché belge. Golbert, ancien exposant de la Foire des beaux-arts, cantonné naguère au rez-de-chaussée de la rue Léopold, a doublé ses surfaces et présente désormais ses collections d’argenterie au premier étage. En face de lui viendra bientôt s’installer Denis Herthoge, spécialiste des meubles anglais, coincé actuellement à 2 km de là sur la chaussée de Malines. Par ailleurs, Ronny van de Velde, étoile plus que montante du marché de l’art contemporain, a ouvert un espace livres et expositions dans le prolongement de la Minderbroerstraat. Près de cette importante voie menant de l’église des Jésuites au port, se trouvent de nombreux marchands, tels Paul Verbeeck, les Grusen­meyer ou Peter Vermersch. Le dynamisme d’Anvers, deuxième port européen après Rotterdam, est symbolisé aussi par Axel Vervoordt, fastueux châtelain de Gravenwezel, au nord de la ville.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°52 du 16 janvier 1998, avec le titre suivant : Un nouveau dynamisme chez les marchands

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