Pérou - Musée - Politique

Un musée de la Mémoire à Lima fermé par le maire 

Par Louise Wagon · lejournaldesarts.fr

Le 16 avril 2023 - 452 mots

LIMA / PEROU

L’élu a décidé de fermer un musée d’histoire sur les conflits avec la guérilla maoïste, dont le contenu ne lui convient pas

Musée de la mémoire, de la tolérance et de l'inclusion sociale (Lum) à Lima au Pérou. © Mayimbú, 2018, CC BY-SA 4.0
Musée de la mémoire, de la tolérance et de l'inclusion sociale (Lum) à Lima au Pérou.
Photo Mayimbú, 2018

Le maire d’extrême droite de Lima a récemment fermé le musée appelé Lieu de la mémoire, de la tolérance et de l’inclusion sociale, connu sous son acronyme espagnol, Lum. Ouvert en 2015 afin de commémorer ceux qui sont morts dans les violents conflits entre le gouvernement péruvien et un groupe de guérilla maoïste, Le Sentier lumineux, dans les années 1980- 2000. Le musée recevait environ 60 000 visiteurs par an. 

Le maire de Lima et ancien candidat à la présidence, López Aliaga, qui a fermé officiellement le musée pour non-respect des normes municipales de sécurité, a déclaré que le musée était une « offense à la nation » et qu’il devrait être placé sous le contrôle des forces armées, affirmant qu’il est temps de reprendre le « contrôle du récit » de l’histoire du Pérou, rapporte The Guardian

Fondateur du parti de la Rénovation nationale du Pérou, le maire allègue que Lum colporte un « faux récit » sur la période de violence au cours de laquelle 70 000 personnes ont été tuées par les rebelles du Sentier lumineux et les forces armées, selon la Commission vérité et réconciliation du Pérou.

Cette fermeture du musée reflète, selon les militants des droits de l’Homme, un déni croissant des massacres perpétrés par les forces armées dans le conflit. D’après Eduardo Gonzalez Cueva, consultant en droits humains au Centre international pour la justice transitionnelle à New York, cette fermeture « s’inscrit dans un mouvement de droite plus large qui nie les crimes liés au gouvernement d’Amérique latine »

La ministre péruvienne de la Culture, Leslie Urteaga, a déclaré qu’elle travaillait à la réouverture du musée, avec la municipalité péruvienne de Miraflores. Elle a déclaré que Lum partageait l’objectif du ministère de « préserver la mémoire historique. Pour cette raison, nous allons faire en sorte que cet espace continue à fournir des services en faveur de nos citoyens »

L'Union européenne a déclaré dans un communiqué que Lum était un « espace où la mémoire de la période de violence (1980-2000) est préservée » et s’inquiète de la suppression de récits d’événements historiques importants et des conséquences potentielles « d’une population non éduquée acceptant la désinformation comme une vérité ».

Cette fermeture coïncide avec les troubles politiques au Pérou depuis la destitution du président Pedro Castillo en décembre 2022 qui a déclenché des mouvements de protestation dans différentes régions et qui a donné lieu à un déchaînement de violences. Le jour même de l’annonce de la fermeture de Lum, Amnesty International a présenté un rapport sur le recours excessif à la force par les forces armées contre des manifestants civils, à Lima et dans les régions environnantes. 
 

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