IMA

Sortir de la spirale des déficits

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 3 juin 2008 - 540 mots

La Cour des comptes et le Sénat ont réaffirmé l’urgence de remettre à flot l’établissement.

PARIS - Dans ce genre de situation, mieux vaut s’appeler Dominique Baudis. C’est ce qu’a fait comprendre Alain Pichon, président de la 4e chambre de la Cour des comptes, au président de l’Institut du monde arabe (IMA) lors de son audition, le 27 mai, par la commission des affaires financières du Sénat. Cet entretien faisait suite à une enquête menée par les magistrats de la rue Cambon concernant l’exercice 2003-2006. La Cour a opté pour la voie du référé, adressé, le 11 décembre 2007, au Premier ministre, « afin de ne pas compromettre, par une communication publique prématurée, l’évolution positive résultant des premières initiatives du nouveau président ». Un rapport sénatorial devrait suivre en juillet. L’enquête de la Cour des comptes a en effet déjà suscité des remous lorsque, en avril 2007, soit quelques mois après l’arrivée de Dominique Baudis, un contrôle d’inventaire révèle la disparition de plusieurs œuvres, finalement retrouvées. Le directeur du Musée, Brahim Alaoui, a cependant été contraint à la démission (JdA no 261, 8 juin 2007, p. 5). Un an après cet épisode, l’audit confirme la « gravité des défaillances » de l’institution, et « sa dérive tant stratégique que financière ». Ce, au moment où un établissement concurrent devrait voir le jour en Andalousie.
L’IMA, qui vient de fêter ses 20 ans, n’est jamais sorti de la spirale du déficit. À l’origine, son fonctionnement devait être assumé à 40 % par les États de la Ligue arabe et à 60 % par la France. Or, dès 1995, prenant acte de l’importance des impayés, les dettes ont été figées pour abonder un fonds de dotation – 38,3 millions d’euros qui rapportent 2 millions par an. Les dettes cumulées de l’Irak, de la Libye, du Yémen, du Soudan et de la Somalie s’élèvent toujours à 34 millions d’euros. En dix ans, l’État français a compensé à hauteur de 104 millions d’euros alors même qu’il n’est pas représenté au sein du conseil d’administration. Dominique Baudis a d’emblée annoncé que, « pour la première fois depuis vingt ans, le résultat de l’année 2007 avait été positif ». Si les sénateurs ont préconisé l’adoption rapide d’un contrat d’objectifs et de moyens, le président de l’IMA a indiqué avoir ouvert plusieurs chantiers : relance de la boutique et du restaurant, réduction de la masse salariale, amélioration de l’offre culturelle. Sur la question du financement, Dominique Baudis a confirmé avoir signé un accord avec la Libye concernant le règlement d’une dette de 12,5 millions d’euros. Une exposition consacrée aux trésors archéologiques du pays devrait inciter les autorités libyennes à honorer leur engagement.
Car c’est sur ce terrain que les magistrats de la Cour des comptes et les sénateurs ont souhaité entraîner Dominique Baudis. D’après leur analyse, le déficit s’expliquerait aussi par une programmation ignorant les plus riches des pays arabes, ceux du Golfe persique. Si le président a confirmé la vocation culturelle de l’IMA – tout en annonçant avoir annulé une exposition « trop pointue » sur les Nabatéens –, il a souligné que 1 000 m2 d’espaces étaient disponibles pour des manifestations promotionnelles destinées à satisfaire les pays les plus généreux. Au risque de quelques errements.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°283 du 6 juin 2008, avec le titre suivant : Sortir de la spirale des déficits

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