Showcase, la prime aux jeunes

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 27 février 2008 - 450 mots

Raréfaction oblige, Tefaf ne suscite guère de foires off, si ce n’est la petite « Sculpture Highlights », initiée l’an dernier dans le théâtre de la Bonbonnière. Mais, consciente de la nécessité de s’ouvrir, et nonobstant sa faible rotation d’exposants, elle a inventé la section « Showcase », ouverte à sept marchands en activité depuis au moins trois ans, et au plus, dix.

« Cette section est bien pour les jeunes exposants, mais aussi pour nous, indique Ben Janssens, président du comité exécutif de Tefaf. Il faut se rendre compte qu’il y a une relève. C’est un peu d’air frais. Un de mes collègues m’avait prétendu qu’il n’y avait pas de jeunes marchands dans les tableaux anciens. Or sur les quatre-vingts demandes que nous avons reçues, dix-neuf venaient de marchands anciens. Ce qui ne veut pas dire que tous sont du niveau pour entrer à Maastricht. » Si quelques marchands de spécialités, comme Serge Plantureux (Paris), Robert Winter (Kyoto) ou Patric Claes (Bruxelles), viennent pallier un manque criant en armes japonaises, photographie ou art africain, d’autres entrants laissent perplexes. On serait même tentés de voir un certain copinage dans la présence d’Otto Jakob (Karlsruhe) et de ses bijoux contemporains, qui avaient été exposés chez Colnaghi (Londres) en 2007. Rappelons que le propriétaire de Colnaghi, Konrad Bernheimer, est le pilier de la section « Pictura » à Tefaf...
La foire compte sans doute sur la clientèle, jeune ou étrangère, que le secteur « Showcase » peut drainer. Dans le cercle rapproché de Jiri Svestka (Prague), cinq collectionneurs qui n’avaient pas mis les pieds à Maastricht ont ainsi prévu d’y venir.
Tous ces impétrants jouent le grand jeu, dans le secret espoir pour beaucoup d’être invités à revenir l’an prochain. Robert Winter prévoit une surveste d’armure (jinbaori) composée de plumes de paon datant de la fin du XVIIe siècle et une armure de la période Edo en cuir laqué noir. « La plupart des gens ne sont souvent exposés qu’aux offres décevantes des grandes maisons de ventes. En exposant à Tefaf, j’espère augmenter, même à ma petite échelle, leur compréhension de ce domaine », explique-t-il. Bernard Descheemaeker (Anvers) apporte, lui, une vingtaine de pièces en émaux peints de la Renaissance française ainsi qu’une petite collection d’ivoires français du XIVe siècle. Patric Claes affiche cinq objets importants, parmi lesquels un masque Songye du XIXe siècle inédit sur le marché. Profitant des passerelles historiques, Jiri Svestka choisit lui de mélanger du moderne, notamment Kupka, avec des artistes contemporains comme Rafal Bujnowski et Veronika Holcova. Les visiteurs feront-ils le détour par cette section excentrée ? « Soit les gens vont s’intéresser, car on incarne la nouveauté, soit ils passent au travers », résume Patric Claes.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°276 du 29 février 2008, avec le titre suivant : Showcase, la prime aux jeunes

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