Italie

ENTRETIEN

Sam Stourdzé : « Faire de la villa Médicis un projet global »

Directeur de la villa Médicis

Par Olivier Tosseri, correspondant en Italie · Le Journal des Arts

Le 12 novembre 2023 - 875 mots

ROME / ITALIE

Sam Stourdzé est le directeur de la villa Médicis depuis 2020. Il est spécialiste de l’image contemporaine et des relations entre art, photographie et cinéma.

Sam Stourdzé à la Villa Médicis © Alessia Calzecchi, 2023
Sam Stourdzé à la Villa Médicis.
© Alessia Calzecchi, 2023

Ancien pensionnaire de l’Académie de France à Rome en 2007 dans la section cinéma, Sam Stourdzé a été directeur des Rencontres d’Arles de 2014 à 2020, après avoir dirigé le Musée de l’Élysée à Lausanne, entre 2010 et 2014, et assuré la rédaction en chef du magazine de photographie Else. Il vient tout juste d’inaugurer l’exposition « Histoires de pierres » d’après Roger Caillois à la villa Médicis (jusqu’au 14 janvier prochain), exposition dont il est commissaire avec le critique d’art Jean de Loisy.

Quelle importance revêt l’exposition « Histoire de pierres » dans votre programmation culturelle de la villa Médicis ?

Cette exposition est un véritable événement par sa taille tout d’abord, car nous avons rassemblé 250 œuvres grâce à 70 prêteurs. Par son ambition ensuite, car nous avons tenté de raconter une histoire de l’art, mais aussi une histoire tout court à travers les pierres. Ce projet est très transdisciplinaire en se promenant de la géologie à l’art contemporain, en mixant les pratiques de l’art ancien à celles de la vidéo. Avec un dénominateur commun : ce moment au XXe siècle au cours duquel on est reparti de zéro pour repenser l’art, en tout cas en Europe, à partir de la pierre. Cette exposition est la première d’un cycle consacré aux éléments. La suivante sera sur l’eau.

Quel premier bilan tirez-vous de votre direction de la villa Médicis ?

J’ai pris mes fonctions il y a trois ans dans une maison créée en 1666. Ma pierre à cet édifice est un petit caillou. Mais cela fait trois ans que je m’attache à ce que cette villa soit la plus ouverte possible aux arts et aux autres, mais surtout sur la ville. Nous n’avons donc pas chômé pour ouvrir de nouveaux projets pour faire de la villa Médicis un projet global. Elle a ce formidable atout d’être à la fois un lieu de patrimoine, un lieu de création contemporaine et un lieu de résidence. Mixer ces trois lieux au service d’un projet global devient une expérience unique et passionnante.

Quels sont les projets dont vous êtes le plus fier ?

Les projets emblématiques sont nombreux. Il y a l’ouverture des jardins avec la création du festival des cabanes, ces installations éphémères, ces micro-architectures réalisées en matériaux souvent issus du réemploi ou s’inscrivant dans une démarche écoresponsable qui prennent place tout l’été au cœur de la villa.

Il y a une ouverture sociale avec les « résidences pro ». On accueille chaque année pendant une semaine entre 300 et 600 élèves venus de lycées professionnels des régions françaises. Cela a permis d’ouvrir des champs plus larges pour en explorer toutes les expressivités techniques, sociales, artisanales et artistiques, des métiers de la beauté et du bien-être, à ceux de la verrerie et du textile, ou encore du secteur de l’art de vivre avec l’hôtellerie, l’alimentation et la restauration.

Il y a aussi l’extension des résidences au sein de la villa qui compte aujourd’hui 16 pensionnaires qui passent une année sur place, mais aussi 50 résidences courtes entre quinze jours et deux mois. Chaque année, cela représente une population de 70 pensionnaires et résidents environ.

Enfin, il y a eu le lancement du vaste projet de remeublement et de réaménagement intérieur « Réenchanter la villa Médicis ». 21 salles et chambres sont concernées pour faire rayonner le design contemporain et les métiers d’art dans un esprit de dialogue avec le patrimoine de la villa. 12 salles ont déjà été réaménagées.

Quelles sont vos perspectives pour la fin de votre mandat ?

Je veux déjà bien sûr faire aboutir ou parachever ces projets en cours. Avec le souci de faire dialoguer nos différentes missions de patrimoine, de création contemporaine, de transmission. Elles ne doivent pas être pensées et mises en œuvre séparément, mais elles doivent s’interconnecter. L’intérêt que l’on porte à la question des métiers d’art s’exprime à travers notre mission patrimoniale de rénovation de la villa Médicis, mais aussi de création de nouvelles résidences qui leur sont consacrées et dans la programmation culturelle avec un renforcement de la notion de métiers d’art. On joue ainsi sur la spécificité de ce lieu qui n’est pas que, ou pas tout à fait, une résidence, pas que, ou pas tout à fait, un musée, mais tout cela à la fois.

L’exposition sur les pierres sera un peu le point d’orgue de votre direction. À quoi pensez-vous pour la suite de votre programmation ?

Tous les deux ans, nous essayons d’arriver avec un projet d’ambition internationale. C’était le cas il y a deux ans avec l’exposition « Gribouillage / Scarabocchio. De Léonard de Vinci à Cy Twombly » en partenariat avec les Beaux-Arts de Paris. Notre volonté est de faire passer le message qu’à la villa Médicis, quel que soit le moment de l’année, il s’y passe toujours quelque chose. Outre le festival des cabanes, nous avons lancé un festival de cinéma avec une programmation dense. L’augmentation de la fréquentation a ainsi été massive avec le seuil des 100 000 visiteurs payants largement dépassé. Nous travaillons déjà à la prochaine exposition qui sera consacrée à l’art brut avec la très grande collection française de Bruno Decharme.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°620 du 3 novembre 2023, avec le titre suivant : Sam Stourdzé : « Faire de la villa Médicis un projet global »

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