Italie - Collection - Mécénat

Chambre de l’artiste à la Villa Médicis, dite la chambre turque d’Alfred de Curzon

Par Isabelle Manca-Kunert · L'ŒIL

Le 28 mars 2022 - 429 mots

Grâce à de généreux mécènes, la Villa Médicis achète la première représentation de son iconique chambre turque.

Mécénat

Cela faisait presque dix ans que l’Académie de France à Rome n’avait pas réalisé d’acquisitions. Il faut dire que l’établissement ne dispose pas de budget ad hoc. La nouvelle présidente de son conseil d’administration, Marie-Cécile Zinsou, veut pallier cette lacune en sollicitant des mécènes afin d’enrichir la collection en œuvres liées à l’histoire de l’institution. Sous son impulsion, Philip et Cathia Hall ont ainsi soutenu cet achat auprès de la Galerie Didier Aaron grâce à un don de 14 000 euros.

Curzon

Artiste aujourd’hui méconnu, Alfred de Curzon est toutefois bien représenté dans les musées de province, notamment dans sa région natale poitevine. Formé dans l’atelier de Drolling à l’École des beaux-arts, il suit ensuite les cours du paysagiste Cabat et tente sa chance au prix de Rome dans la discipline du paysage historique. Il ne décroche toutefois que la deuxième place du concours. Son échec suscite un tel scandale qu’il obtient malgré tout le droit d’aller étudier dans la Cité éternelle.

Témoignage

Repêché de justesse, Curzon n’obtient cependant le droit de résider que deux ans à la Villa Médicis, au lieu des quatre ans prévus pour le lauréat. Il a toutefois été accueilli dans d’agréables conditions, puisqu’il a logé dans la célèbre « chambre turque ». Il immortalise ce lieu dans un petit tableau récemment réapparu sur le marché. Cette toile, la première documentant cette pièce, offre un précieux témoignage de cette chambre en 1850, elle nous apprend ainsi que les fenêtres et le sol ont été modifiés depuis.

Orientalisme

Icône de la Villa Médicis, la chambre turque a été aménagée par Horace Vernet, qui a dirigé l’institution dans les années 1830. En pleine période romantique et en pleine vague orientaliste, le peintre décore cette chambre en recouvrant les murs et les sols de carreaux de faïence rapportés de Tunisie. Les plafonds et les fenêtres sont en revanche décorés de motifs géométriques orientalisants. Cette chambre mythique a conservé sa fonction et accueille toujours des hôtes de marque.

Décor

Située tout en haut d’une des deux tours de la Villa et offrant une vue à couper le souffle sur Rome, la chambre turque est l’icône du monument Renaissance qui accueille l’Académie de France à Rome depuis le début du XIXe siècle. Cette pièce emblématique a été immortalisée par Balthus alors qu’il était directeur de la Villa. Le peintre sulfureux y fit poser son épouse, Setsuko, à la manière d’une odalisque au miroir. Ce tableau constitue l’un des plus importants témoignages de son directorat.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°753 du 1 avril 2022, avec le titre suivant : Chambre de l’artiste à la Villa Médicis, dite la chambre turque d’Alfred de Curzon

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