Questions de méthode

Mais dès lors qu’il s’agit de mettre au point des critères, la sociologie ayant besoin d’objectiver les analyses, les choses se compliquent. Un artiste confirmé âgé de 70 ans qui vit et travaille en dehors de France mais a séjourné précédemment pendant dix ans en France, est-il un artiste de la scène française ? L’est-il plus qu’un jeune artiste étranger âgé de 25 ans venu se former dans une école d’art et qui commence à exposer ? Se pose également le problème de la naturalisation. Ainsi avons-nous appris au moment du bouclage de ce numéro que Mohamed Bourouissa avait acquis la nationalité française et aurait donc dû figurer dans le classement « national ». Il n’est sans doute pas le seul dans ce cas de figure.

Le Journal des Arts n’a pas voulu dans cette première édition d’Artindex définir des critères et mener une enquête pour qualifier les artistes de la scène française. Chacun voit bien combien une telle enquête est délicate à mener. Reste qu’il faut tenter de cerner ces artistes sans passeport français mais qui participent pleinement au dynamisme de la création en France. Anri Sala (de nationalité unique albanaise selon nos informations), qui représentera la France à la prochaine Biennale de Venise, en est un parfait exemple. Le tableau que nous reproduisons en page 30 ne représente qu’une sélection restreinte d’artistes. Là encore, il doit manquer nombre d’artistes qui constituent cette scène et nous plaidons l’indulgence. Nous aurions dû y faire figurer Valerio Adami, Sarkis, Erró, Pierre Alechinsky, Zao Wou-ki, Vladimir Velikovic, Ousmane Sow, Peter Klasen, Julio Le Parc, Horacio Garcia-Rossi et bien d’autres. Puisse cet article susciter des contributions de lecteurs nous éclairant sur une possible méthodologie.