Éducation artistique

Prolégomènes

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 27 novembre 2012 - 539 mots

Le comité de pilotage de la consultation doit rendre son rapport en décembre 2012. Après ? C’est flou.

PARIS - Et de quatre. Après le numérique, l’archéologie préventive, les écoles d’architecture, c’est au tour de l’éducation artistique et culturelle de faire l’objet d’une concertation. Une « courte » concertation, ont précisé Vincent Peillon et Aurélie Filippetti dans leur communication sur le sujet lors du Conseil des ministres du 21 novembre. Courte mais dense ! Le comité de pilotage présidé par l’écrivain Marie Desplechin doit en effet rendre avant fin décembre 2012, un rapport issu de l’audition d’une centaine d’organismes, de la lecture de contributions écrites de soixante autres organismes sollicités, complété par des propositions d’internautes (pas plus de quatre pages !) qui disposent pour cela d’un e-mail.

Même avec un comité de pilotage de vingt personnes, on peut s’interroger sur l’opérationnalité de la synthèse qui sera rédigée par Jérôme Bouët, inspecteur général des Affaires culturelles. Après ? le tempo est tout aussi rapide, sans que l’on puisse encore prendre la mesure du plan. Le ministère souhaite définir en janvier un cahier des charges donnant un cadre commun à des actions qui seront mises en place à la rentrée 2013 dans le cadre de contrats régionaux. En clair, l’État va proposer une sorte de manuel de bonnes pratiques et il appartiendra aux communes, départements et régions de les mettre en œuvre.

Quel existant ?
L’ambition est clairement affichée, il s’agit de faire en sorte que tous les écoliers, collégiens et lycéens puissent dans le cadre de leur scolarité ou d’activités extrascolaires, suivre un parcours artistique : enseignement, pratique, rencontre avec des œuvres ou des artistes. La tâche s’annonce rude, il ne va pas être simple de réunir Drac, rectorat et collectivités territoriales et de produire un plan d’action par ville et département.

D’autant que, comme le souligne un rapport de synthèse des Drac d’août 2012, l’Éducation nationale s’est progressivement désengagée depuis ces dix dernières années des partenariats culturels. Il manque dans cette démarche une photographie de l’existant : combien de jeunes dessinent, apprennent un instrument de musique, jouent une pièce de théâtre, voient des œuvres d’art, discutent avec des artistes, écoutent un cours d’histoire de l’art ? À quelle fréquence ? On ne part pas de rien. On sait par exemple que de nombreuses villes organisent des visites de scolaires dans leurs musées. Selon le Palmarès des musées du Journal des Arts, 4 millions de visiteurs scolaires, sur un total de 9,3 millions d’écoliers, collégiens et lycéens sont allés dans un musée en 2011. Sans photographie de l’existant et sans objectifs chiffrés, il est difficile d’apprécier l’ampleur de ce « vaste plan d’éducation artistique et culturel » qui, à l’origine, devait être rattaché au Premier ministre. Le ministère de la Culture qui a, semble-t-il, gardé la main sur ce programme se garde bien d’indiquer pour le moment comment il compte aider financièrement les collectivités locales à développer ces actions éducatives. Il faut dire que lorsque le budget de l’action n° 2 « Soutien à la démocratisation et à l’éducation artistique et culturelle » passe dans son nouveau périmètre de 83,9 millions d’euros à 75,4 millions d’euros pour 2013, soit une baisse de 10 %, les marges de manœuvres sont limitées.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°380 du 30 novembre 2012, avec le titre suivant : Prolégomènes

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