Priorité aux contemporains

Le programme du nouveau directeur du Centre national de la Photographie

Par Emmanuel Fessy · Le Journal des Arts

Le 1 décembre 1996 - 432 mots

Rupture au Centre national de la Photographie (CNP), fondé et dirigé pendant quatorze ans par Robert Delpire. Sans surprise, son nouveau patron, Régis Durand, l’homme du Printemps de Cahors, annonce un programme résolument tourné vers l’art photographique contemporain.

PARIS - À son ouverture, la Maison européenne de la Photographie (MEP) avait affiché une orientation vers la création contemporaine. Mais elle annonce pour l’an prochain des expositions Paul Strand, JeanLoup Sieff, Henri Cartier-Bresson…, des photographes qui auraient pu trouver leur place au CNP de "Bob" Delpire ! L’espace est donc laissé libre à Régis Durand, universitaire et critique d’art, pour présenter des auteurs "plasticiens" qu’il défend depuis longtemps.

Sa première grande exposition, qui s’ouvrira le 26 février, montrera des séries d’Hannah Collins. Lui succéderont Anthony Hernandez, Carl de Keyzer et Pascal Convert, puis Thomas Ruff et Anna et Bernhard Blume dans le cadre d’une saison allemande en collaboration avec la MEP, et – retour à la "tradition" – Eugene Richards, en coproduction avec les Rencontres d’Arles.

Les jeunes artistes vont bénéficier en permanence de deux salles, baptisées "l’Atelier", où une dizaine d’expositions, accompagnées de publications, seront programmées chaque année. Claire Chevrier et Mathieu Pernot inaugureront la formule. Régis Durand remplace le prix "Moins trente" par une Biennale de la jeune création, prévue pour 1998 et dotée d’un budget spécial d’1 million de francs.

Le nouveau directeur veut mettre en place un service culturel : le public disposera d’une salle d’information et d’un journal trimestriel. En revanche, le CNP perd Photo Poche et Photo Notes, les collections créées par Robert Delpire et vendues à Nathan. L’État abandonne ainsi un instrument de diffusion bon marché (60 F) de la photographie, mais dans lequel les éditeurs privés voyaient une concurrence abusive.

Après avoir envisagé de quitter l’hôtel Salomon de Rothschild, au loyer onéreux – 2 millions de francs annuels –, Régis Durand semble y renoncer. L’avenir du Centre s’inscrit en effet dorénavant dans le cadre du "Plan Photo" de Philippe Douste-Blazy, et le CNP devrait rejoindre en l’an 2000 l’Hôtel de Sully où loge déjà la Mission du patrimoine photographique. Si la mission des grands travaux est chargée d’étudier le réaménagement du bâtiment, la préfiguration de la future "Galerie nationale de la photographie" et la forme de la cohabitation entre différentes institutions – la Bibliothèque nationale de France doit être également de la partie – ne semblent pas avoir avancé d’un iota depuis l’annonce du "plan" par le ministre de la Culture. Mais pour l’an prochain, Régis Durand a été assuré du maintien de la subvention de la délégation aux arts plastiques, 8,75 millions de francs.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°31 du 1 décembre 1996, avec le titre suivant : Priorité aux contemporains

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