Piano piano

Le Journal des Arts

Le 22 janvier 1999 - 411 mots

Prévu pour le Jubilé de Rome, le fastueux auditorium conçu par Renzo Piano ne devrait pas voir le jour en l’an 2000. À une série de problèmes divers s’est ajoutée la découverte d’une villa d’époque romaine dont l’étude est jugée indispensable par les archéologues.

ROME (de notre correspondante) - Une fois terminé, l’auditorium dessiné pour Rome par Renzo Piano & Associés sera sans doute l’un des plus grands et des plus perfectionnés du monde, mais le chantier de 55 000 m2, lancé en 1995, peine à aboutir et accumule les problèmes. “Certaines de ces difficultés sont réelles, explique l’architecte Maurizio Cagnoni, directeur des travaux, mais d’autres ont été largement amplifiées par la presse.” Le problème posé par la découverte d’une villa d’époque romaine durant le déblaiement de la zone est en revanche bien réel. Il s’agit d’un vaste complexe de plan rectangulaire de près de 2 500 m2. Pour les spécialistes, cette habitation de campagne, avec des fonctions d’habitation et de production, serait fondamentale pour comprendre le développement de la villa à patio romaine. En effet, ces fouilles permettraient de documenter toutes les transformations de l’habitat de la deuxième moitié du VIe siècle av. J.-C. à la fin du IIe siècle ap. J.-C.

Cette découverte a conduit Renzo Piano à modifier son projet. Les locaux techniques, auparavant prévus sur l’emplacement de la villa, seront installés dans un nouveau corps de bâtiment. La configuration des trois salles de 2 700, 1 200 et 500 places a été remaniée de manière à laisser un espace ouvert entre les deux salles principales pour présenter les fouilles. De plus, un musée rendant compte des aspects scientifiques des recherches sera adjoint au foyer. En raison de cette découverte, l’auditorium manquera le rendez-vous de l’an 2000, mais les travaux seront menés à leur terme. Si, depuis septembre 1995, les parkings et 75 % de la structure en béton armé ont été construits, seuls 20 % du budget prévu ont été dépensés – 30 milliards de lires (102 millions de francs), contre les 150 annoncés (510 millions) –, précise Maurizio Cagnoni. Un chiffre qui reste pourtant très élevé si on le compare à la moyenne des budgets des grands travaux publics en Europe. “Il est évident, a déclaré Renzo Piano, visiblement exaspéré par les Italiens, que des décennies de corruption ont produit de mauvais enseignants, de mauvais techniciens, et naturellement de mauvais entrepreneurs. Ce sont ces derniers qui ont volé l’avenir à ceux qui étaient compétents et valables.”

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°75 du 22 janvier 1999, avec le titre suivant : Piano piano

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