Philippe Dagen - Le cumulard

« Celui qui s’occupe de la peinture au Monde », lit-on ici et là. Un critique d’art donc, qui venu du Quotidien de Paris, tient aujourd’hui lieu de caution artistique dans le plus important quotidien de France, à force de longévité et de tribunes publiées dans la suite des lignes de Chastel et Fermigier.

Pourtant, l’enfermer dans une case, fût-ce celle de la critique d’art, serait réducteur ; l’homme en bras de chemise, sac sur l’épaule, déborde de toute part : historien de l’art, professeur à l’université, il est également conseiller scientifique, commissaire d’expos, auteur d’essais et de monographies sur l’art moderne et contemporain. Et un romancier parfois inspiré. N’est-il pas gênant d’être tantôt juge, tantôt partie ? « C’est compliqué », admet-il, promettant de ne pas écrire sur les prochaines expositions du quai Branly qui lui a confié cet été le commissariat de « Charles Ratton ». On verra. De toute façon, l’historien préfère garder de la distance, fréquentant peu les dîners : « J’écris ce que je pense devoir écrire, ensuite j’en assume les récompenses. » À la place, il avance d’atelier en atelier, dont la visite demeure son sport préféré. « Je suis resté profondément contemporanéiste », dit-il, jusque dans son approche de l’art ancien : « Le plus grand service à rendre aux peintres anciens est de parler d’eux en vivants. » Difficile de ne pas succomber à la séduction méridionale de Philippe Dagen.