Philip Morris part en fumée

Le mécénat artistique de la société fait les frais du lobbying anti-tabac

Le Journal des Arts

Le 1 septembre 1996 - 316 mots

À la suite de violentes protestations, le San Diego Museum of Art a préféré financer l’exposition du sculpteur Deborah Butterfield, programmée jusqu’au 15 septembre, sans l’aide de la société Philip Morris.

SAN DIEGO - À l’heure où les expositions bénéficient de moins en moins souvent du soutien matériel des entreprises, Philip Morris demeure l’un des mécènes les plus actifs aux États-Unis. Pour preuve, la société soutient l’exposition "Picasso and Portraiture : Repre­sentation and Transfor­ma­tion", actuellement présentée au Museum of Modern Art de New York, ainsi que la rétrospective Jasper Johns qui lui succédera. C’est pourquoi certains directeurs de musées, chorégraphes et autres bénéficiaires des aides de Philip Morris se sont récemment opposés aux lois anti-tabac, arguant du fait que l’entreprise pourrait abandonner sa politique de mécénat alors même que le lobbying anti-tabac vient de marquer un point en Californie.

En effet, l’American Heart Asso­ciation (Association américaine pour le cœur) ainsi que d’autres groupes de pression ont organisé une campagne médiatique et conjugué leurs efforts pour infléchir la politique de la direction du San Diego Museum of Art. En conséquence, "le conseil d’administration du musée a jugé qu’il était pour l’instant mal venu de prolonger le partenariat avec Philip Morris", a expliqué Stephen Brezzo, son directeur. Le montant de la subvention apportée jusque-là par le manufacturier de tabac n’est pas connu, mais le directeur a assuré qu’il était très inférieur au million de dollars que la rumeur lui prête. D’autres musées de San Diego ont exprimé leur accord avec cette décision, notamment par la voix d’Arthur Ollman, directeur du Museum of Photographic Art, qui a déclaré au San Diego Union-Tribune : "On ne peut pas collaborer avec des marchands de mort. Si une communauté ne trouve pas d’autres moyens pour mettre en œuvre un de ses projets, alors je crois qu’il vaut mieux qu’elle change de projet. L’argent est quelque fois trop sale pour qu’on y touche."

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°28 du 1 septembre 1996, avec le titre suivant : Philip Morris part en fumée

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