Patrimoine immatériel - Unesco

Paysage, immatériel... l’Unesco et ses listes

Par Françoise Benhamou · Le Journal des Arts

Le 26 mars 2014 - 505 mots

La Convention du patrimoine mondial adoptée par l’Unesco en 1972 définissait deux composantes du patrimoine : le « patrimoine culturel », qui inclut des monuments, des ensembles et des sites, et le « patrimoine naturel » composé de sites, de « monuments naturels », de formations géologiques et de zones constituant l’habitat d’espèces menacées.

Controversé parfois, respecté aussi, le rôle de l’Unesco s’est amplifié au fil de l’élargissement du concept de patrimoine que l’institution promeut avec d’autres acteurs de la conservation. Ce que l’on retient de nos jours, c’est ce petit sigle qui jalonne les sites généralement touristiques et qui indique qu’un lieu est classé au « patrimoine mondial ». La Liste comporte 981 biens de « valeur universelle exceptionnelle » (759 biens culturels, 193 naturels et 29 mixtes répartis dans 160 États). Si on feuillette les comptes rendus des réunions de l’Unesco de 1994, on est frappé par la permanence des préoccupations. La Liste évolue, vers de nouvelles parties du monde ou à la faveur de l’évolution du concept – et on sent en arrière-plan la recherche d’un meilleur équilibre entre les pays –, mais les soucis demeurent : conserver sans dénaturer, assurer l’accueil des touristes, valoriser. En 1994, se tient déjà en Thaïlande un colloque international durant lequel on s’inquiète de « ces flots de touristes qui envahissent chaque année les temples et les autres sites ».

Les années 1992-1994 marquent toutefois une rupture, certes préparée de longue date par les évolutions de la pensée patrimoniale et par des textes fondateurs, avec la reconnaissance effective de la catégorie « paysages culturels du patrimoine mondial », catégorie destinée à faire converger dans les faits l’approche culturelle et le souci de la nature. Le premier bien inscrit « au titre du critère culturel révisé concernant des paysages culturels », en 1993, est le parc de Tongariro en Nouvelle-Zélande. Par la suite, les classements intégreront trois dimensions qui leur manquaient auparavant : le souci d’explorer plus avant des cultures non européennes, la reconnaissance du patrimoine au-delà du monumental, et la prise en considération, qui se renforcera ensuite, de l’articulation indispensable entre diversité culturelle et diversité biologique.

Sauvegarde de l’immatériel
L’autre rupture date de 2003, lorsque l’Unesco élargit encore le champ couvert avec la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, qui embrasse « les expressions vivantes, les traditions que d’innombrables groupes et communautés du monde entier ont reçues de leurs ancêtres et transmettent à leurs descendants, souvent oralement ». Le patrimoine immatériel inclut des représentations, des savoirs, des savoir-faire, des langages, des normes. En 2010, le repas gastronomique des Français fait une entrée remarquée sur la Liste, véritable inventaire à la Prévert des us et coutumes du monde entier. Entrer dans la Liste est un parcours d’obstacles, y rester requiert des investissements et une considération permanente pour le patrimoine. L’Unesco a créé parallèlement une « Liste du patrimoine mondial en péril », outil tout à la fois indispensable et dérisoire tant il rappelle l’impuissance à gouverner la violence des hommes et celle de la nature.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°410 du 28 mars 2014, avec le titre suivant : Paysage, immatériel... l’Unesco et ses listes

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