On nous ment

Depuis le début des années soixante-dix, les œuvres d’Antonio Muntadas semblent être partout et nulle part : Bordeaux, Venise, Madrid, São Paulo, Chicago, à moins qu’elles ne soient présentées simultanément en douze points distincts, comme le Cee project. L’artiste et ses pièces miment les schémas de communication modernes, dans lesquels circule une information souvent manipulée et transformée. Entre œuvre et catalogue raisonné, Media Architecture Installation ne cesse d’argumenter, à travers une douzaine de travaux et les centaines de documents consultables qui leur sont annexés, l’hypothèse d’un monde où la réalité s’efface derrière les images véhiculées par les médias. Environnements symboliques du savoir et des transmissions, la bibliothèque, l’auditorium, l’aéroport et l’observatoire divisent le cédérom en quatre niveaux. L’utilisateur peut y aborder les interventions de Muntadas par leur localisation géographique, leur thématique, leur forme, et accessoirement leur date. Les nombreux passages entre les sections favorisent les découvertes et pointent les liens entre les œuvres. Croquis, explications, bibliographies s’enchaînent, autour de problématiques sur l’habitat dans Home, where is home ? ou la censure dans The file Room.
Rapidement pris dans le flot, l’utilisateur croise images, pays et données. L’ensemble dépasse alors sa fonction de simple répertoire et appelle à la découverte des “espaces hybrides” accessibles sur l’Internet à partir de l’observatoire. Le site s’apparente à un générateur aléatoire de collisions visuelles, rassemblant des images trois par trois, sans crainte de dérapages spatio-temporels. Éventuel pied de nez au marchandage de l’information ou redoutable “plan marketing”, on peut consulter le site sans acheter le produit : www.univ-paris1.fr/hybridspaces.