Paris

New Deal pour l’American Center

Une nouvelle équipe prend le relais

Par Emmanuel Fessy · Le Journal des Arts

Le 1 avril 1994 - 482 mots

Le nouveau bâtiment de l’American Center à Bercy devrait être inauguré le 7 juin. Une nouvelle équipe de direction artistique, épaulée par un « comité spécial », prend en charge l’institution culturelle en léthargie depuis son départ du boulevard Raspail, en 1987.

PARIS - Le Centre américain a deux nouveaux pilotes : Frederick Henry et Rachel Bellow, qui remplacent Judith Pisar – épouse de l’avocat Samuel Pisar – présidente du Centre depuis 1977, et Henry Pillsbury, directeur exécutif depuis 1979. Le premier préside la Fondation Bohen, l’une des cinq grandes fondations américaines consacrées à l’art contemporain, la seconde est responsable du programme culturel de la Fondation Andrew Mellon, du nom du mécène américain, grand donateur à la National Gallery de Washington.

Tous deux sont épaulés par un comité spécial, présidé par Frederick Henry, chargé pendant une "année de transition", selon Rachel Bellow, de remettre sur pieds le Centre. Ce Comité réunit des responsables de grandes institutions culturelles, françaises et américaines, comme Suzanne Pagé, directeur du Musée d’art moderne de la Ville de Paris, Marie Collin, directeur artistique du théâtre et de la danse (Festival d’automne), Catherine David, commissaire de la prochaine Documenta, Richard Koshalek, directeur du musée d’art contemporain de Los Angeles, Richard Oldenburg, directeur du musée d’art moderne de New York…

Fondé en 1931, l’American Center était une institution unique à Paris. Entièrement financé par des fonds privés, il a été un vivier artistique, un lieu de rencontres irremplaçable, à une époque où les états-Unis exerçaient un rôle dominant dans la création. En 1987, ses dirigeants décidaient de réaliser une opération immobilière en vendant le terrain "historique" du boulevard Raspail – aujourd’hui occupé par la Fondation Cartier – pour reloger l’établissement à Bercy, dans un immeuble signé Frank Gehry.

C’est là que les difficultés commencèrent. La vente du terrain – 220 millions de francs – a été engloutie dans la nouvelle construction (238 millions de francs, équipements compris). À l’automne dernier, une fois le bâtiment livré, la direction se montrait incapable d’ouvrir le lieu au public, l’équipe artistique avait même été licenciée.
Aujourd’hui Frederick Henry et Rachel Bellow affirment avoir réuni 2,5 millions de dollars, assurant un début de programmation. Ils évaluent le budget de fonctionnement annuel souhaitable entre 5 et 7 millions de dollars. "Le contexte culturel dans lequel s’ouvre le Centre est radicalement différent de celui d’autrefois, constate Rachel Bellow, il y a aujourd’hui beaucoup de scepticisme envers les états-Unis ; la culture américaine est en train de se redéfinir profondément, nous devons faire preuve d’humilité".

Sont prévus pour la saison 1994-95, une exposition de jeunes artistes de Los Angeles, une rétrospective Leon Golub et Nancy Spero, une présentation de dessins contemporains sur le thème surréaliste du "cadavre exquis", une exposition d’artistes américains et africains ayant vécu à Paris entre les années 1945 et 1960, une grande installation de Bill Viola, ainsi qu’une autre, vidéo, de Nam June Paik.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°2 du 1 avril 1994, avec le titre suivant : New Deal pour l’American Center

Tous les articles dans Actualités

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque