Multimédia : l’art du Tibet trouve refuge sur Internet

Le Journal des Arts

Le 17 mars 2000 - 551 mots

Dispersé, à l’image d’un peuple exilé, l’art tibétain reste difficilement accessible pour les non initiés à la doctrine bouddhiste. Avant l’ouverture programmée pour 2002 d’un musée, le site Internet de la Fondations Shelley et Donald Rubin permet une découverte de la peinture tibétaine. En parallèle, le cédérom Tibet, de la sagesse à l’oubli aborde le pays dans ses aspects culturels et politiques.

NEW YORK (de notre correspondante) - À l’image de la survie d’un peuple exilé depuis l’occupation de son pays par la Chine, la protection du patrimoine culturel tibétain ne peut se faire sans un soutien international. Installé au sud-ouest de la Chine, le peuple tibétain a développé au VIIe siècle, à partir du bouddhisme indien, une doctrine philosophique et religieuse encore vivante aujourd’hui. De cette doctrine religieuse est née une forme d’art sacré très sophistiquée, le thangka (ou icône portable), qui dépeint dans des teintes riches, des compositions complexes et une iconographie envoûtante les enseignements des textes bouddhiques. “Je ne suis pas un bouddhiste pratiquant, mais les images me parlent ; leur iconographie a un sens universel, elle traite des grandes questions du monde. Ces images fonctionnent comme un miroir magique de l’inconscient humain reflétant les forces du bien et du mal”, explique Donald Rubin. Accompagné de son épouse Shelley, il a créé une fondation afin de promouvoir et conserver cet art. Outre la construction d’une institution à New York, en 2002, pour héberger la collection du couple, en partie exposée actuellement au Kimbell Museum de Fort Worth (Texas), la Fondation Shelley et Donald Rubin a d’ores et déjà mis en ligne avec tibetart.com un véritable musée virtuel de l’art tibétain.

Avec plus de mille thangkas provenant d’une dizaine d’autres collections privées ou de musées, le site offre une large variété iconographique couvrant une multitude de pratiques rituelles, toutes issues d’une branche distincte des quatre écoles principales du bouddhisme. Si certains illustrent des coutumes encore existantes, perpétuées de maîtres en maîtres, d’autres, témoins précieux de l’enseignement bouddhique, attestent de rites oubliés. Sur le site, chaque peinture est accessible par son lieu de conservation, sa date et la nature des figures qui y sont peintes. Les bannières représentent les divinités des texte tantriques ou des sutras – les enseignements du Bouddha – et des mandalas, largement commentés dans la description iconographique accompagnant les images. Des spécialistes de l’art tibétain se sont d’ailleurs vu confier un mot de passe pour actualiser ces textes au gré de leurs recherches.

Fonctionnel et agrémenté d’animations, le site permet d’agrandir les reproductions, d’une qualité rare sur l’Internet. Pour Donald Rubin, “l’Internet est une façon de sauvegarder l’art et la culture du Tibet. Une bonne partie des monastères et des lieux où étaient conservées les œuvres d’art n’existent plus ; les objets ont été dispersés à travers le monde entier. Notre objectif est de permettre aux amateurs d’art, aux lamas, aux bouddhistes pratiquants, aux musées et aux étudiants en religion d’avoir accès à cet art, aux inscriptions et à leur signification”. Mais son but final est de parvenir à une exhaustivité plus complète : “Pour chaque collectionneur ou chaque musée qui le désirera, nous pourrons afficher leurs images ou peintures, et par la suite leurs sculptures, avec des descriptions, des repères iconographiques et des dates auxquels tout expert ou individu pourra accéder”.

- Site : www.tibetart.com

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°101 du 17 mars 2000, avec le titre suivant : Multimédia : l’art du Tibet trouve refuge sur Internet

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