Montres de collection

Mauvais quart d’heure

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 4 octobre 2007 - 405 mots

Après la destitution de son patron et fondateur, Antiquorum remet ses pendules à l’heure... japonaise.

 GENÈVE - Osvaldo Patrizzi, 62 ans, P-DG charismatique, expert et cofondateur d’Antiquorum, maison de ventes basée à Genève et leader sur le marché des montres de collection, a été brusquement destitué le 2 août lors d’un conseil d’administration. La présidence de la société est depuis assurée à titre provisoire par John Tsukahara, l’un des dirigeants de Artist House Holdings Inc., la compagnie japonaise basée à Tokyo et cotée en bourse, qui a acquis 50 % des parts d’actions d’Antiquorum début 2006 pour 30 millions de dollars (22 millions d’euros). La tension était montée depuis plusieurs mois entre le patron d’Antiquorum et les actionnaires nippons qui exigeaient une gestion plus rigoureuse de la société. Précédant cette destitution, un premier clash a eu lieu entre Osvaldo Patrizzi et plusieurs cadres de la maison de ventes en désaccord sur les dépenses et la stratégie à suivre. Il avait conduit au départ précipité de plusieurs employés dont celui de l’expert et homme-clé, Étienne Leménager. Les Japonais ont débarqué en plein été à Genève pour reprendre le contrôle d’Antiquorum, rassurer les équipes en place et récupérer leur expert qui avait été entre-temps recruté par Sotheby’s. Un audit des comptes est actuellement en cours. Des recrutements risquent d’intervenir dans les prochains mois.
Créée en 1974, la maison de ventes est devenue en 1979, sous le nom d’Antiquorum, le premier auctioneer mondial des montres de collection, devant Christie’s et Sotheby’s réunis. Antiquorum possède, aujourd’hui, dix bureaux dans le monde. En 2006, la maison de ventes a réalisé un chiffre d’affaires de 110 millions de dollars quand Christie’s a totalisé 55 millions et Sotheby’s 39 millions. 43 des 57 montres vendues aux enchères pour un montant supérieur à 800 000 dollars ont été adjugées par Antiquorum. Le succès de cette maison qui a donné aux montres-bracelets une véritable cote et déclenché un engouement chez de nombreux collectionneurs, repose sur sa spécialisation et son niveau d’expertise, ses ventes thématiques (depuis Patek Philippe en 1989 jusqu’à Omega en avril 2007) ainsi que sur la forte personnalité de son fondateur, Osvaldo Patrizzi, personne très influente dans le domaine horloger. Antiquorum va devoir désormais continuer sans lui. Par chance, la crise interne, qui a secoué la maison genevoise, est intervenue cet été, faisant relativement peu de vagues dans le monde de l’horlogerie de collection. Toutes les ventes sont assurées jusqu’à la fin de l’année, à commencer par Only Watch, le 20 septembre à Monaco.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°264 du 7 septembre 2007, avec le titre suivant : Mauvais quart d’heure

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